Steve Vai a toujours impressionné son auditoire et en premier lieu les personnalités dont il a intégré les groupes (Frank ZAPPA, Yngwie MALMSTEEN, David LEE ROTH…) "Sex & Religion" est le troisième album de Steve, après un "Passion & Warfare" qui a remporté un beau succès d’estime et de vente, et l’a consacré comme un guitariste hors-pair et émérite et considéré comme l’un des meilleurs guitaristes de tous les temps. Et Steve Vai, biberonné par Joe SATRIANI avec lequel il a pris ses premiers cours de guitare, a développé un sens quasi instinctuel avec la guitare. Avec une technique et un savoir théorique impressionnant, Steve a été dès sa prime jeunesse de toutes les plus belles scènes et de toutes les convoitises. Totalement décomplexé et s’acoquinant d’un Devin Townsend au chant notamment, Steve développe ses architectures sonores tout du long d’un "Sex & Religion" développant près d’une heure de musique charnelle et bien dans le jus de l’époque.

Ce n’est clairement pas ma tasse de thé, mais cet album n’est pas une branlette de manches en continu fort heureusement pour moi. L’aspect risible craint est écarté, je peux donc me concentrer sur le riffing et les ambiances distillées en toute objectivité. Et j’avoue à demi-mots (j’ai tant peur que Satan me punisse de cette exaction sonore) que je passe plutôt un bon moment. Notamment auprès d’hymnes bien entraînants tels que "Still My Bleeding Heart", ou bien encore "Touching Tongues" avec sa mélodicité soyeuse et ses soli angéliques. Le titre éponyme est par ailleurs bien intéressant et le jeu vocal de Devin fait des ravages. D’autres titres me paraissent plus incongrus et ont la fâcheuse tendance à me faire froncer les sourcils tant ils restent, selon moi, capitonnés dans le son de l’époque des 90s avec ce côté un peu désuet, surfait et factice malgré leurs velléités expérimentales. Je pense notamment "Survive", "Pig", "Down Deep Into The Pain" ou aux ballades un peu trop doucereuses tels que "Rescue Me Or Bury Me". Julien a accroché cinq étoiles à cet album et je les comprends. La production est très honnête. Nous sentons toute de même qu’il y a avait sans doute pas mal de caillasse pour faire cet album.

Maintenant de là à penser que l’album est mièvre, je n’oserai pas. Je ne suis pas de ce public voilà tout, mais je sais reconnaitre le très beau talent de Steve et ce bête d’album qui a plus de trente ans maintenant. Quand je pense qu’à la base j’avais prévu pour cette Kro-X de me payer le Steve d’une chronique bien goguenarde, et bien je ravale mon chapeau. Merci à Dark Beagle de m’avoir puni ainsi, connaissant le bougre il l’avait fait exprès mais surtout il savait. Il savait que je resterai sur mon fondement l’espace d’un instant et que je rerenverserai la petite croix noire de mon cœur pour fermer les yeux les bras serrés tout contre moi et les yeux humidifiés. Ah saleté de toi ! Tu m’as eu.