Les Américains de WEAKLING n’auront produit qu’un unique album, mais quel album nom de nom ! John Gossard après avoir rongé un peu son frein en essayant de dégoter des musiciens issus de différents horizons de la scène extrême forme WEAKLING en 1997. Originaire de Californie, où la jeunesse en ce temps-là gigote et respire avec le Doom, le Death et le Punk Hardcore, WEAKLING tente comme en son temps l’avait fait VON (des voisins géographiques) de marquer au fer rouge le sceau du Black Metal sur la terre de l’oncle Sam. Influencé par la scène européenne avec les DARKTHRONE, BURZUM et MAYHEM habituels, John Gossard remarque d’autres pourvoyeurs de l’extrême plutôt explorateurs d’expérimentations (VED BUENS ENDE), et jette son dévolu aussi sur d’autres diablotins en puissance (BETHLEHEM, DEMILICH, NECROMANTIA).

"Dead As Dreams" est un monument quelque part à lui seul. Mû par des compositions longues et immersives, mêlant la fureur du Black Metal nordique à une approche plus progressive et émotionnelle, WEAKLING annonce les WOLVES IN THE THRONE ROOM et les LEVIATHAN à venir et devient un pionnier essentiel de ce qui constituera la scène américaine dite l’USBM. En portant des ambiances nihilistes aux accents désespérés, "Dead As Dreams" emboîte le pas et creuse le sillon dans lequel s’engouffreront les XASTHUR, les KRALLICE, les AGALLOCH.

Les claviers discrets mais omniprésents participent avec leurs touches planantes à rendre ces longs titres très hypnotiques. Les vocaux déchirés et déchirants de John Gossard – noyés dans la réverbération - lacèrent autant qu’ils semblent apostropher la souffrance. Atmosphérique, torturé et avec des parties quasi psychédéliques, WEAKLING signe un Black Metal labyrinthique. Sous l’égide d’une production assez crue, les changements de rythmes alternent avec des passages mélodiques, des riffs répétés qui paraissent suspendre le temps en nous envoutant, et des explosions de violence épileptiques.

Le groupe se disloquera peu avant la sortie de "Dead As Dreams". Sorti chez un label indépendant, tUMULt Records, dans sa version CD un an plus tard, l’album ne jouira que d’une faible distribution, tombant dans l’oubli rapidement. Ce n’est qu’à la faveur des forums et des blogs spécialisés de l’époque que son aura ressuscitera et que l’aspect cultissime et visionnaire de ce projet s’étendra comme il le mérite. Copieux et exigeant (le disque s’étend sur plus d’une heure et quart), "Dead As Dreams" est un disque effrayant, passionnant mais dont l’influence immense ne fait que croître. Un indispensable donc !