Franchement, la pochette est géniale. L’une des plus réussies pour Ozzy, qui ne s’est pas fait épiler pour l’occasion pendant plusieurs mois. Et c’est certainement ce qu’il y a de mieux sur ce disque avec la chanson-titre qui dépote bien et qui met en lumière le nouveau guitariste du Madman, Jake E. Lee, qui prend la lourde charge de remplacer Randy Rhoads sur cet effort solo, l’intérim live ayant été assuré par Brad Gillis (que l’on retrouve chez NIGHT RANGER). Il faut être sacrément couillu pour passer après Rhoads, tant au niveau technique qu’humain, le jeune homme ayant été un proche d’Ozzy durant leur courte association.

Lee va capter le sens du riff de Randy, mais il va jouer les soli à sa façon, en s’éloignant de l’aspect néoclassique qui caractérisaient ceux des deux précédents albums. Mais en apposant sa patte, il ne va pas faire baisser le niveau, celui-ci restant très élevé, c’est juste un feeling différent qui fonctionne bien. C’est plutôt en termes de composition qu’il cherche ses marques. Si "Bark At The Moon" est dans la lignée des précédents méfaits, le reste ne va pas toujours se montrer à la hauteur. Première surprise, la gifle initiale est suivie directement par une caresse : "You’re Not Different", espèce de power ballad mélodieuse et également très réussie.

Le groupe va cependant peiner à conserver le même niveau d’écriture tout du long. Il y a moins de hauts ("Rock’N’Roll Rebel", "Waiting For Darkness") et beaucoup plus de bas ("Centre Of Eternity" qui, bien qu’elle dépote, n’arrive pas à avoir l’aura de son introduction laissant entendre quelque chose de mystique, "So Tired" un brin agaçante). Si "Blizzard Of Ozz" avait de nombreuses fulgurances et que "Diary Of A Madman" était un exemple de régularité, "Bark At The Moon" est plus chaotique sur son déroulé, moins frais et peut-être bien tout simplement moins inspiré.

"Bark At The Moon" est un petit disque d’Ozzy, qui fait le job, mais sans trop s’étaler. Moins flamboyant, moins aventureux, moins dérangeant également, il ne coche pas toutes les cases, il lui manque un truc, un petit quelque chose qui le ferait passer dans une autre dimension et qui le rendrait infaillible. Cela se joue en définitive à très peu de choses, des petits détails qui feront que son successeur, "The Ultimate Sin", sera plus réussi, pour ne pas dire plus indispensable avant l’ère Zakk Wylde avec qui plus rien ne sera comme avant.