cette Kro-x est une version remaniée d’un commentaire écrit par moi-même, sous le nom de "Fransoua" et postée le 27 Décembre 2012, témoignage que déjà à l’époque je ne disais pas que des conneries.

Pour ceux viennent chercher dans ses prémices les traces de la force de frappe militaire de MARDUK, la surprise puis la déception peuvent être grandes, puisque "Dark Endless" c'est du Death Metal suédois pur jus (pure huile devrait-on dire) qui ne sait pas comment tirer vers un Black Metal aux contours mal définis.

Certes, la voix est plutôt Black (pas très râpeuse mais pas dégueu), ce qui n'est pas nécessairement un critère de démarcation évident sachant qu’une partie de la scène Death suédoise (made in Göteborg) préférera utiliser les screams aux growls.
Certes, il y a déjà du blast et du trémolo picking, mais pas plus que chez les copains de la Mort. On y parle du Diable de façon sans doute plus appuyée qu’ailleurs, et les photos du livret, tout en corpse paint et Perfecto, les inscrit clairement dans la scène Black émergeante de la voisine Norvège.

Morgan "Evil" Hakansson (guitariste et leader), malgré son satanisme sincère et sa proximité avec Dead (qu’il connut avant son émigration) et Euronymous (correspondance épistolaire assidue entre les deux hommes ; Morgan faisant partie des "happy -trve- few", adoubés par Aarseth, qui méritèrent de recevoir des petits bouts du crâne de Dead), n'en est pas moins un Suédois baignant dans son milieu et le milieu de l'époque en Suède c'est le gros Death Metal bien gras à la ENTOMBED/DISMEMBER/UNLEASHED.
Et je dirais même plus, le gros Death à la EDGE OF SANITY. Car oui, ce disque a été enregistré et mixé fin 1992 par le faramineux Dan Swanö, dans la période où ce prolifique artiste augmentait ses capacités d’ingénieur du son et de producteur, pile entre "Unorthodox" (enregistré entre fin 1991 et début 1992) et "The Spectral Sorrows" (enregistré à l’été 1993.)

Je ne me perdrais point en conjecture sur la présence au chant de Andreas Axelsson qui est aussi le guitariste de EDGE OF SANITY, mais je peux néanmoins affirmer avec pas mal de certitude que parmi toutes les productions métalliques suédoises de cette première moitié de décennie, la proximité entre ce premier opus de MARDUK et EDGE OF SANITY est la plus forte, en particulier au niveau du son et de la production (nuage dense de grosses guitares dans ta face bien haut au-dessus d’une batterie dans la cave et dont la caisse claire nous biffle allégrement).
Les conditions et techniques de production et d’éditions ayant été fort frugales, la première version de l’œuvre sonna assez faiblement (souffrant même la comparaison avec la démo "Fuck Me Jesus") ce qui peut aisément expliquer pourquoi ce premier album est largement sous-estimé, en plus de sonner comme EDGE OF SANITY alors qu’on cherchait le DARKTHRONE suédois.

La réédition remastérisée parue en 2006 chez Century Media, rend enfin honneur à cet excellent premier effort et mérite que on l’aime comme il se doit, et tel qu’il est. J’aime EDGE OF SANITY et j’aime les titres de "Dark Endless", surtout ceux repris la démo "Fuck Me Jesus", tout en puissance, bien écrits et bien exécutés - sans doute plus répétés que les autres ("The Black..." est toujours joué en live par le groupe trente ans après) - des riffs vicieux, des restes de groove gras, des ralentissements sinistres, cette furie presque Grind.

Qu’en est-il des autres titres inédits ? "Still Fucking Dead" est court et efficace mais pas non plus inédit puisqu’il était le morceau de choix de l’autre courte démo, la méprisée "Here’s No Peace" (enregistrée en décembre 1991). À l’exception de quelques rares moments où l’on sentira le futur poindre, comme cette fin purement Black Metal de "The Sun Turns Black as Night" qui annonce "Those Of The Unlight", le reste des titres persistent dans ce style bouillonnant, en variation constante, fonçant certes comme il se doit mais s’épanouissant également dans la lourdeur (le si Doom "Holy Inquisition".)

Avant la froide machine de guerre implacable il y eu un début chaud comme des tripes fumantes. Marqué au fer par l’hégémonie de la scène Death, le Black suédois mettra plusieurs années à se trouver un son et une identité. Moi j’apprécie ce premier MARDUK comme une variante sulfureuse de EDGE OF SANITY, figé dans son époque le cul entre deux chaises électriques il a bien vieillit et ça suffit à mon bonheur.