On ne les attendait pas ! Non, vraiment, on ne les attendait pas, qui plus est sur un EP de cinq titres deux ans après un "Seventh Rum Of A Seventh Rum" en nage libre (n’allons pas jusqu’à la brasse coulée) ... Disons que la méfiance est légitime, mais face au monument qu’est ALESTORM, difficile de faire la tête de pioche et de passer nonchalamment son chemin sans jeter une esgourde sur les productions issues de leur pensée embrumée par l'excès d’éthanol !

Je KOL ainsi aux basques mon ami du même nom, telle une moule à son rocher, et partage globalement son avis sur la question, avec, une fois n’est pas coutume, un poil plus de complaisance pour les forbans les plus célèbres des embruns Metallisants.

En reprenant une recette désormais traditionnelle chez ALESTORM, l’EP dégaine tous ses bangers d'entrée de jeu et s'essouffle petit à petit pour viser sciemment une sortie de route complète, justifiée par un humour potache qui ne blouse désormais plus personne : le zizi et les nibards, c'est tellement rigolo, mais seulement quand on a huit ans ou l'âge mental qui va avec.

L'éponyme est d'excellente facture et pourrait trôner sans pâlir au milieu des anciennes productions du "Golden Age" du groupe (clin d’œil à l’opus sorti il y a exactement dix ans au jour près lors de l’écriture de cette chronique), le chant cristallin de Patty Gurdy aidant, même si le pitch shifter/vocoder dégueule de toutes parts pour faire oublier le non-chant de Bowes. Et bien que je ne sois pas friand des "oooooouh", "aaaaah" ou autres "yeah-y-yeah", avec la main sur le casque, les yeux fermés et toutes gencives dehors à la Mariah Carey, je dois reconnaître que les chœurs féminins dynamisent énormément le pont. C’est simple, on se croirait dans un opening de One Piece. Ceci est un compliment.

Depuis "SRSR", le quintet n’a toujours pas pris de cours de géographie digne de ce nom, car non, l’Ouzbékistan n'est pas spécialement une terre de pirates (pour reprendre les paroles, la mer d’Aral est enclavée au possible, et Samarcande est aussi sèche que le cœur de Dave Mustaine quand il s’agit de licencier un membre de MEGADETH). Passé cette approximation, le résultat n’en demeure pas moins excellent, notamment grâce au pont électro totalement barré et son scandement du titre très racoleur.

Je serai donc moins virulent que mon estimé collègue sur "The Last Saskatchewan Pirate", rigolote, et sur "Sea Shanty 2" (la suite de "The Wellerman", single sorti en 2021 surfant sur le meme d'internet ?), un petit instrumental sans réelle prétention mais pas désagréable au demeurant, son seul défaut étant d'introduire "Cock", plus courte que l’interlude -trouvez l’erreur-, qui n'aurait pas été pire si elle avait traité de gallinacés plutôt que de phallus et de testicules.

Sans casser trois pattes à leur canard en plastique gonflable fétiche de trois mètres de diamètre, cet EP ne propose concrètement que trois titres tangibles depuis leur dernier album studio. Ce voyage du maraudeur est une fugace bouffée d'oxygène pour le combo, mais de là à inverser la vapeur d’un galion à voiles…

Note réelle : 3,5/5, revue à la baisse. Finalement, cher Kol, on s'était dit rendez-vous dans deux ans, même jour, même heure, même note !

Morceau préféré : "Uzbekistan".