Il y a quelque chose d’absolument paradoxal dans ce troisième effort d’AUDIOSLAVE, all-star band composé – s’il est encore nécessaire de le rappeler – des musiciens de RAGE AGAINST THE MACHINE et de Chris Cornell (SOUNDGARDEN) au chant. Un an seulement après la sortie du très réussi "Out Of Exile", voilà donc que déboule "Revelations", porteur d’attentes sans doute démesurées, après deux opus ma foi assez succulents.

Instrumentalement impeccable comme d’accoutumée, porté par l’un des meilleurs chanteurs de sa génération (si ce n’est le « numero uno »), l’album se présente à nous sous les meilleurs auspices. Le deuil de RATM est fait, on attend l’accomplissement d’une fusion totale entre deux formations mythiques, qui se matérialise finalement, bel et bien là. AUDIOSLAVE n’a jamais autant sonné comme une entité unique, singulière, brisant les chaînes de ses glorieux ancêtres, ce n’est pas là la moindre de ses qualités.

Malheureusement, c’est sa principale.

Si la voix de Cornell et le talent des zikos ne peut nullement être remis en question, force est de constater que le résultat est extrêmement décevant, relativement plat, surtout au regard du line-up. Si certains titres tirent leur épingle du jeu ("Nothing Left To Say But Goodbye"), l’écriture ne fonctionne tout simplement pas. En tout cas, pas à la mesure de nos espoirs, ni même de ce que le combo a su produire par le passé. Les mélodies composées sont fadasses, les compositions impersonnelles.

J’ai toujours considéré Cornell comme un immense chanteur, mais un piètre songwriter. « With great power comes great responsibility » disait l’oncle Ben au jeune Peter Parker. "Revelations" apporte de l’eau à mon moulin. Tout est en place pour un grand disque, tout est correct, sympathique, la basse de Commerford est toujours aussi hypnotique, mais l’ensemble ne nous transporte pas là où il est sensé nous emporter. Aucune chanson ne survit réellement à l’épreuve du temps, juge de paix ultime s’il en est. De cet opus, ne reste au final que peu de choses.

C’est donc sur cette note plus que mitigée qu’AUDIOSLAVE clôt sa (courte) discographie. Au lieu de lâcher le « Mic Drop » que l’on était en droit d’attendre, c’est par la (relative) petite porte que Morello, Commerford, Wilk et Cornell quittent le game. Too bad.

Note réelle : 2,5/5.