HOULE le groupe qui monte de manière fulgurante depuis l’apparition en Novembre 2022 de leur très remarqué premier EP dont il est question ici. Il était plus que temps de faire apparaitre le groupe sur les colonnes de Nightfall. J’ai découvert personnellement le groupe parisien au début de l’année 2024 avec justement ce très joli EP de quatre titres (et quels titres !) puis avec leur récent album "Ciel Cendre et Misère Noire" plus coloré (à l’image du magnifique artwork, presque une peinture ne trouvez-vous pas ?) et teinté d’un Black Mélodique aux franges fortement Heavy. Un joli album aussi qui devrait également faire son apparition prochainement sur NIME et qui fera à n'en pas douter grandir encore un peu plus la 'hype' autour du groupe (ils en arrivent à refuser des dates c'est pour dire !). Et c’est mérité ! Pour parfaire le tout et ma connaissance de HOULE, je les ai vus récemment en concert au Muscadeath 2024 (édition XXII) avec leur imagerie conceptuelle, unique (et pour le moins originale) de marins noircis par les embruns et par les affres du désespoir, tous vêtus de bottes Aigle, algues et cirés à capuche en lambeaux, et ai même interviewé cette sacrée bande de gais lurons.

Car oui en les interviewant je me suis aperçu globalement que les musiciens de HOULE étaient plutôt sympathiques, joyeux et de grands boute-en-train (notamment leur batteur avec qui j’ai pu échanger sur les différents jeux de mots dont est victime le nom du groupe… HOULE n’est d’ailleurs pas un groupe coréen !), tout le contraire de l’univers des compositions du groupe lesquelles relatent la vie triste, miséricordieuse voire cauchemardesque des marins en règle générale. Crabe, le leader, compositeur et guitariste est d’ailleurs le seul et unique breton de la bande, originaire du Finistère Nord, est donc parti d’un postulat connu chez les matelots du siècle dernier. Il a créé le groupe et donc l'univers marin qui s'y associe en 2019 (d’où le nom de HOULE hein ! Plutôt chouette comme nom de groupe !) avec à la clef des compositions pour le moins pittoresques de Black Metal Mélodique.

À l’image de l’artwork noir pour le moins sobre mais arborant fièrement un logo du groupe soumis de toute évidence aux mouvements ondulatoires de l’océan et de ses vagues, HOULE tente de retranscrire par le biais de ses compositions, très bien ficelées au demeurant, la vie, les ressentis et les épreuves de ceux qui partent en mer, promis le plus souvent à des jours sans lendemain, loin de leurs terres et de leurs familles, loin de tout. Triste… L’univers proposé ici est bien évidemment sombre ("La Dernière Traversée") parfois lancinant avec des passages mid-tempo de très grande qualité et clarté ("Le Continent") et quelque peu triste et mélancolique donc ("La Dernière Traversée"), constitué de quelques effets sonores prévisibles, comme le bruit de l’océan, le clapotis des vagues et le grincement de la proue d’un bateau ("La Dernière Traversée", ce n’est pas "Rime Of The Ancient Mariner" de IRON MAIDEN mais on pourrait y penser), le cri des mouettes ("Le Continent"), cloches ou bien encore l’orage ("Au Loin La Tempête") histoire d’ancrer encore un peu plus le décorum marin au sein des morceaux.

Alors moi qui ne suis pas un aficionado du style, vous me connaissez assez bien depuis ces longues années, et bien je dois dire que HOULE m’a vraiment séduit par son Black Metal très bien architecturé in fine et pour le moins très aéré. Il y a en effet beaucoup de variations dans les compositions du groupe entre les passages musclés et bouillonnants, rugueux ("Sous L’Astre Noir" un peu plus brut celui-ci je trouve au niveau des guitares), purement Black serais-je tenté de dire pour ne pas dire frénétiques (les rythmiques sont bien évidemment typiques du style avec de jolis cycles mélodiques soutenus d'ailleurs par une batterie mise en exergue, dynamique et solide) et longs moments d’accalmie ingénieux, presque jouissifs (comme pour mieux illustrer ce 'calme avant la tempête' en ces eaux troubles et agitées) comme pour "Au Loin La Tempête" aux guitares puissantes et rageuses, et "La Dernière Traversée" (et sa mélodie presque douloureuse) qui flirte tout simplement avec les dix minutes et sur laquelle, la basse qui, sur un rythme relativement lent et intelligemment mise en avant fait tout simplement son petit effet.

Et pour ne rien gâcher, HOULE conjugue à ses titres pour le moins alambiqués, de belles et judicieuses mélodies (un des points forts des compositions du groupe assurément avec mine de rien aussi quelques très bons soli guitare à la clef – c'est beau et presque doté d'une certaine finesse sur "Le Continent", "Sous L’Astre Noir"). Mélodies omniprésentes, parfois caressantes aussi et qui prennent même aux tripes (comme sur "Le Continent" et "La Dernière Traversée" notamment) le temps d’une accalmie tel l’océan laissant un répit aux misérables marins fatigués, saccagés par les vents et le désespoir. Bien évidemment, tout cela rend l’ensemble particulièrement captivant, presque hypnotique par endroits ("Au Loin La Tempête", "La Dernière Traversée"), et très accessible pour du Black Metal. Même si le chant écorché et très rugueux (chant black principalement mais très varié mine de rien… nous avons droit aussi non seulement à des hurlements, des cris, parfois stridents mais c’est rare, chant rauque à la limite du growl aussi, gémissements plaintifs comme pour mieux marquer la douleur morbide du marin en totale souffrance - cf. "La Dernière Traversée" - mais également quelques vocalises claires, sur "Sous L’Astre Noir" notamment) de la jeune et talentueuse Adèle alias Adsagsona, limite habitée par les textes et bien mise en valeur sur le disque (notons que le mix est plutôt bien équilibré entre le chant d’Adèle et les autres instruments), vient nous rappeler à notre bon souvenir, que nous avons bel et bien affaire ici et en premier lieu à de la musique extrême, soit à du Black Metal en vrai.

Personnellement, HOULE est une de mes plus belles découvertes de l’année (cocorico !) avec non seulement cet EP de qualité, les compositions y sont particulièrement intelligentes, captivantes pour ne pas dire charismatiques, bien travaillées multipliant de façon ingénieuse les atmosphères et mélodies, il dispose aussi d’une production soignée de très bonne facture (ce qui n’est pas toujours le cas en matière de Black Metal, c’est donc à souligner) mais également avec leur premier album "Ciel Cendre et Misère Noire" (2024) affinant quant à lui le propos et amenant davantage de plans Heavy et épiques. Si vous ne connaissez pas encore HOULE et bien foncez sans attendre car c’est franchement bien pour ne pas dire excellent et musicalement très intéressant.

Note : 4/5.

Morceaux préférés : "Le Continent", "La Dernière Traversée".