Quand nous nous penchons sur les sorties Heavy Metal de l’année 1997, il n’y a pas vraiment de quoi pavoiser. Si quelques bons disques voyaient le jour, le genre était sclérosé par une image de has-been hors du coup. SAXON réussissait le hold-up avec "Unleash The Beast", alors que JUDAS PRIEST, qui marquait pourtant son grand retour, s’enlisait à vouloir se la jouer d’jeunz (et montrer qu’il s’avait agrandir une image sur un PC. Mais pas la dépixéliser). Mais de Suède allait débarquer un jeune groupe qui allait donner un coup de pied dans la fourmilière et par là revitaliser un genre moribond.

HAMMERFALL arrive donc avec son imagerie guerrière. La pochette est un brin kitsch, mais le chevalier et son marteau vont devenir l’une des mascottes parmi les plus identifiables du Metal. Hector va ainsi progresser de jaquettes en jaquettes (enfin, il y a une exception) et il va devenir l’image du groupe, le personnage que les fans attendent sur les backdrops lors des concerts, à l’instar d’Eddie pour IRON MAIDEN. En grattant un peu, on comprend vite que Joacim Cans et Oscar Dronjak, les deux têtes pensantes du combo, sont des geeks.

Oh, pas du genre à passer des heures sur un jeu vidéo ou à mater tous les films fantastiques possibles et imaginables au point de devenir des encyclopédies vivantes du genre, même si nous nous rapprochons de la réalité. Ce sont deux gros passionnés de Heavy Metal qui ne se cantonnent pas aux groupes les plus populaires, mais qui vont s’intéresser et se passionner pour les outsiders du genre, où ceux qui n’ont pas réussi à s’imposer au détriment des autres. Et cela s’entend dans leur musique.

Elle n’est pas bien compliquée : un ou deux riffs, des enchaînements rapides mélodiques, des refrains bien fédérateurs, une reprise assez obscure à cette époque où le web était encore balbutiant ("Child Of The Damned" de WARLORD) et même des ballades. Le tout en neuf morceaux pour 45 minutes de musique. Et quelle musique ! Il y a quelque chose de juvénile et de parfois un peu naïf qui s’en échappe, mais cela lui confère un charme fou, comme le fait qu’il reste un peu brouillon dans les finitions. Il a le charme de l’authentique, comme on dit quand on ne sait pas comment vendre un bien un peu ancien.

"Glory To The Brave", c’est une compilation d’hymnes. C’est le résumé le plus simple que l’on peut faire. Entre "The Metal Age", "Hammerfall", "Stone Cold", "Steel Meets Steel" (soit le meilleur morceau de MANOWAR de ces trente dernières années), on ne peut pas faire son difficile, on trouve forcément son compte. Quant au title track, il s’agit d’une pièce magnifique, toute en émotion, qui fonctionne à merveille. Quand le disque s’achève, il en ressort que les musiciens ont pris beaucoup de plaisir à l’enregistrer et que ce plaisir est communicatif. Nous le ressentons par extension.

Ce disque n’est pas un chef d’œuvre absolu, mais il mérite bien ses cinq étoiles parce qu’il a ouvert des portes, donné de l’impulsion à d’autres formations pour s’illustrer, pour briller et surtout, pour s’affirmer face à des maisons de disques qui ne s’intéressaient pas à eux jusque là. Pour HAMMERFALL, l’aventure continue toujours, mais le passé glorieux de ce disque n’est plus qu’un lustre sur leurs souvenirs. Le groupe a su produire de bons disques, mais aucun ne parviendra à provoquer autant d’émotions que celui-ci.