Voilà un des coupables, ou disons un des instigateurs à défaut d'être un pionnier stricto sensu d'un genre, qui, enfin, se détache peu à peu de son statut de paria. Mais oui je parle du Deathcore, what else ? Ne jouez pas les vierges effarouchées ou à feindre l’ignorance, vous la connaissez cette pochette hideuse du premier SUICIDE SILENCE, et il est temps de lui braquer de nouveau les projecteurs dessus, et d’honorer la mémoire de son chanteur de l'époque, Mitch Lucker, qui aurait eu quarante piges à quelques jours près lors de l'écriture de cette bafouille.

Allez séchons nos larmes et… non mais franchement, écoutez-moi ce son et cette prod’ cradingues au possible ! Quelle nostalgie que ces riffs primaires, gras et génériques au point où on ne sait pas vraiment s'il s'agit bien de SUICIDE SILENCE (non, pas d'abréviation pour des raisons évidentes), de CARNIFEX, de DESPISED ICON ou d’AS BLOOD RUNS BLACK ! Franchement la recette est simple : on s'accorde en Sol sur sa 7 cordes la plus cheap, on chugge les cordes à vide, et on fait du tremolo sur les quatre premières frettes pour le reste, et paf, ça fait "The Cleansing" !

Je me moque gentiment et avec bienveillance, car avant de courir il faut savoir marcher, et malgré la généricité de l'oeuvre, elle n'en demeure pas riche de quelques fulgurances, parmi lesquelles des breaks monumentaux pour l'époque sur "Bludgeoned To Death", ou des lyrics, osons le dire anthologiques sur le titre le plus connu de la galette, à savoir "No Pity For A Coward" :

"Seconds from the end,
What’s it gonna be ?
Pull the trigger, bitch !"

On a jamais dit qu'il fallait que ce soit intelligent.

Ça me fait marrer car cet album dégueule de tous les ingrédients qui ont servi de ciment à l'érection de remparts par les Metalleux traditionalistes, ostracisant un style à qui il n’aura fallu qu’une grosse décennie envers et contre tous pour faire partie du paysage… Le chant de Lucker est, dans son éraillement de cordes vocales, ultra performant tant dans les lows que les hi-screams, tel une version 2.0 de l’Hardcore dont il découle. Le tempo est totalement anarchique : le peu de soli sont des sweeps au ralenti tandis que la rythmique frénétique est entrecoupée de breaks débiles et binaires, sans exception.

Alors certes, treize titres complètement homogènes* c’est difficilement digeste, surtout quand toutes les fioritures introduites par les futurs grands pontes des dérivés du Deathcore, qui à l’époque de la sortie de "The Cleansing" étaient encore en train de faire caca-culotte. Mais franchement, un petit "Unanswered" de temps à autre, ça ne vous défoule pas vous, en toute honnêteté ? Allez, égosillons-nous tous en cœur :

"Where is your god ?
Where is your god ?
Where is your fucking god ?"

Morceaux préférés : "No Pity For A Coward", "Unanswered", "Bludgeoned To Death".

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(*) Je suis de mauvaise foi, l’outro de "Green Monster" diffère du reste, ce qui tranche d’autant plus qu’elle planque une hidden track… Ben comme les autres titres finalement.