On ne va pas tergiverser sur des pages et des pages ; le nouveau MAIDEN est d'une qualité égale à celle que l'on peut s'attendre, si on prend en compte l’historique et le contexte de ce groupe anglais devenu une véritable multinationale en l'espace de 35 ans de carrière ! Autrement dit, de la redite avec quelques touches de nouveautés sans trop brusquer son auditoire pour autant. Et oui "Book Of Souls" est un véritable panaché de toutes les périodes du groupe. A vue de nez on va dire de 1984 à 1995. Tout en passant par l'inévitable (et salutaire) période du nouveau millénaire, à savoir le triptyque (plus ou moins gagnant selon les humeurs) "BNW / DOD / AMLOD". Le retour vers le dynamisme est fort louable surtout après un mollasson "Final Frontier". Le son est bien plus percutant et les trois solistes sont en totale osmose tandis que ce cher Bruce accuse les années avec brio, malgré cette saloperie de « crabe » décelé après les sessions d'enregistrement de ce « Book Of Souls » qui, par ce contexte revêtent d’autant plus un aspect des plus noirs.

L'amorce quasi mystique de "If Eternity Should Fail" morceau initialement prévu à l'époque pour un album de Bruce Dickinson, se voit ici revêtir un voile cosmique éclairé par le cristal du trio Smith/Murray/Gers. Une belle ouverture qui rompt définitivement les liens avec "Final Frontier" sorti cinq auparavant et son "Satellite 15…" à dormir debout. Un voyage en deux parties (assez distinctes) s'opère sur ce "Book Of Souls" qui joue avec nos sens et (surtout) notre mémoire car de la redite vous allez en avoir, ce double album en regorge ! Que ce soit sur "The Red And The Black" et son quart d'heure épique fait de trémolo mélancolique qui nous sont bien familiers depuis 1980, que le morceau « titre » qui fait part belle à "Powerslave" et son "Duellist" absolument immanquable en milieu de parcours, sont les éléments marquants de cette première partie qui défile à vitesse exponentielle malgré une durée toujours aussi excessive. Car cette musique conçue par les titans du genre est désormais décomplexée, moins maniérée et par son côté immédiat prend des allures « d'un faux live d'inédits ». Une première approche plutôt correcte qui donne envie de se pencher de nouveau sur ce combo mythique. Or et il y a bien un rouage qui grippe dans cette machine au fonctionnement antédiluvien : la deuxième partie. Moins enchanteresse car se basant sur des morceaux déjà bien plus inspirés par la nouvelle période du groupe. En cela on entend du "DOD" sur "Death Or Glory" et "The Man Of Sorrows", de la tristesse cendrée d'un AMLOD sur "Tears Of A Clown" et le monolithe "Empire Of The Clouds" vraiment haut perché pour le coup, entendez par là long (très long) et pas très captivant : une histoire de crash aérien se déroulant en France, qui nous est contée par Bruce himself (à l’écriture et au piano). Un petit mot sur "Shadows Of The Valley" au riff d'intro très "Wasted Years", un clin d’œil à "SIT" qui d'ailleurs est un peu trop voyant car magnifié par l'apparition d'un titre hurlé par Bruce au tout début du morceau : "Soulless demons laughing in a... Sea of Madness !!!", ce qui clôt (à mes yeux) cette petite mascarade.

En clair, "Book Of Souls" est bien mieux conçu que "Final Frontier" car bien plus dynamique dans son processus, donc plus encourageant pour une écoute prolongée. Néanmoins ces papys du métal surfent un peu trop sur leurs époques glorieuses (et vendeuses), histoire de nous le dire en lettres capitales qu'ils ne sont pas (encore) morts et à leur âge c'est essentiel. Avec "Book Of Souls" un peu moins !