Je vais devoir, une fois n’est pas coutume, me ranger à l’avis de mes estimés collègues, à commencer par ce gredin de Wën, qui prouve là qu’il possède une sensibilité allant au-delà des clichés sur les Funeral-Doomeux (?) : "Dark Matter" est une réussite absolue, à peu de choses près. Pour être honnête avec vous, j’ai décroché de PEARL JAM il y a fort longtemps, depuis "Backspacer" au moins. À chaque sortie, je jette une oreille distraite à la nouvelle cuvée, avant de rapidement passer à autre chose. Manque de gniaque malgré une musicalité toujours élevée, carence en catchyness (ouais, ben j’invente un peu le mot, j’fais ce que je veux, c’est moi qu’écris), sentiment de pilote automatique, bref, je m’emmerde un peu en écoutant la formation du dernier chanteur vivant de l’ère Grunge. Prends soin de toi, Eddie, hein ? T’as mis ton cache-Kol ?

Mais pour le coup, "Dark Matter" m’a fait l’effet inverse : une première écoute aguicheuse sans pour autant éblouir mes feuilles, avec juste ce petit goût de reviens-y qui m’a donné envie d’y retourner. Et chaque tour de piste était plus convaincant que la précédente, jusqu’à succomber pleinement à l’intégralité du disque, cohérent, sensible, péchu comme il faut, même s’il ne faut plus attendre quoi que ce soit de Grunge ou de Metôl depuis bien longtemps. Tant et si bien que je me demande aujourd’hui si l’on ne tient pas ici le meilleur PEARL JAM depuis… Pffff… Plus de vingt ans ?

Que ce soient les titres rentre-dedans ("Scared Of Fear", "React, Respond" et son solo tout énervé, "Running") ou les pseudo ballades folkisantes ("Wreckage", "Won’t Tell", "Upper Hand" dont le final m’évoque "Free Bird" de LYNYRD SKYNYRD), il y a plus de guitares et de sève dans "Dark Matter" que dans les quatre LPs précédents confondus. L’inspiration semble être revenue au bercail, et comme la production est juste superbe de précision et de justesse, cela fait un grand et beau disque. Évidemment, Vedder y brille de mille feux comme à son habitude (est-ce que quelqu’un pourrait surveiller ce monument de près ? Non, parce qu’il y a des précédents…). Le title-track donne un bon aperçu de ce que vous pourrez trouver sur la galette avec un Matt Cameron qui castagne comme un damné, à savoir un témoignage sincère et une envie de continuer à faire de la bonne musique, foncièrement Rock avec toutes les facettes d’une passion qui anime le groupe depuis près de trente-cinq ans ("Waiting For Stevie").

Il ne me manque que deux ou trois chansons plus marquantes pour aller chercher le 5/5 tout net, mais je pinaille clairement, tant l'homogénéité par la qualité transpire par chaque pore la galette. Sélection amplement méritée.

Moi, j’ai kiffé grave, comme dis(ai)ent les djeuns (à l’époque). Otez-moi d'un doute, on est certains qu’il va bien, Eddie ?