La principale qualité de ce premier album de SKID ROW est également sa plus grande limite. Intrinsèquement ancré dans son époque, il est le reflet d’une scène très typée 80’s dans son ADN. Impossible de se tromper dès l’ouverture avec "Big Guns", qui sonne comme du MÖTLEY CRÜE pur jus dont les grattes auraient été baignées dans du post-GUNS N’ ROSES, la dose de génie en moins. Le souci, c’est que les groupes précités traînaient bien leurs spandex depuis quelques années déjà sur le bitume, à la recherche de paillettes, de laque, et de booze… En cela, cet opus éponyme souffre d’un manque flagrant de personnalité : tout y est plus ou moins prévisible.

Pour ceux qui l’ont découvert à l’époque, je peux comprendre un attachement sentimental à la vénération de ce Hard-Rock débridé (mais qui donc a classé le bousin en Heavy-Metal ?), exempt de toute pudeur, à base de Oh-wow-oh-oh-oh-oh / yeah-he-he-he-he-he et de refrains fédérateurs, Dave et Scotti se font bien plaisir à nous balancer ces riffs nonchalamment, tels le duo Perry / Whitford (AEROSMITH), portés par le chant impeccable de ce bougre de Sebastian Bach (dont le vrai blase est Bierk, mais vous avouerez que ça sonne ‘achement moins Rock), la véritable trouvaille de la galette.

Ce disque contient également deux tubes, dont un véritable hymne. Mais à cette époque bénie des dieux du Ouakenwoll, c’était le strict minimum si l’on compare avec la concurrence ! GUNS en a collé sept ou huit sur "Appetite", MÖTLEY un bon paquet sur "Dr Feelgood" qui date de la même année et sonne bien plus moderne de nos jours. "18 And Life" est une power ballade tout ce qu’il y a de plus classique mais elle parvient à toucher par sa sensibilité, l’interprétation du frontman qui colle merveilleusement bien aux paroles, la ligne de basse de Bolan inspirée, et un solo, lui aussi classique mais prenant. Quant à "Youth Gone Wild", c’est typiquement le titre qui donne envie d’appuyer sur le champignon en beuglant le chorus à pleins poumons, toutes fenêtres ouvertes à défaut d’avoir une décapotable, tels Mike Myers et Dana Carvey dans Wayne’s World. Deux morceaux qui traversent les âges, pour représenter la fin d’une période dorée pour le Glam/Hard-Rock.

Car pour le reste, c’est franchement anonyme ("I Remember You", "Can't Stand The Heartache"). Bien foutu, sans aucun doute, car enregistré sous la houlette de Michael Wagener et l’ombre déjà envahissante de Jon BON JOVI, pote d’enfance de Sabo, qui avait d’ailleurs brièvement précédé Sambora dans le line-up du blondinet. Il est rare qu’un essai séminal sonne aussi juste. SKID ROW était un blockbuster de l’époque, propulsé vers les sommets des charts de manière attendue tant il correspond aux standards en vigueur au siècle dernier. À mon sens, il a toutefois pris un sacré coup de vieux car les compositions sont bien trop calibrées et au final peu marquantes, malgré le savoir-faire des zikos. Il contient finalement peu de tracks marquantes comparé à ses congénères. La suite s’avèrera bien plus intéressante avec un "Slave To The Grind" dévastateur et ô combien plus personnel.

Note réelle : 3,5/5. Si l’on colle cinq étoiles à "Appetite" et quatre à "Dr Feelgood", on ne peut raisonnablement pas arrondir à la hausse, malgré toute l’affection que l’on peut avoir pour ce témoignage d’une ère foisonnante, débordante de sève, d'excès et de stupre.