Rarement un tel climax de violence et de chaos aura pu être délivré par de la musique. CONVERGE assimile en un album toute la rage de la scène Hardcore mais la fait éclater saisissante en plein vol sous des sulfateuses d'audace et de folie.

À peine "Concubine" a-t-elle frappé à notre porte, sous ses airs salopards de Grind Punk Noise que "Fault And Fracture" vient nous faire comprendre que l'ambiance est à l'étalage de la rage la plus maladive, celle qui sort du terreau toute la vindicte face à un monde trop dingue.
CONVERGE s'amuse à jouer avec l'évidence des structures et se fait dynamite d'un mouvement codifié. Les mosh parts se succèdent, certes, mais elles sont vite sacrifiées sur l'autel de la haine pure, et du matraquage le plus bête sous la houlette d'un Ben Koller déjà habitué à faire rimer rythmique avec coups de trique.

Les titres plus efficaces se mêlent au combat, comme ce "Hell To Pay", parfaitement Punk Hardcore, certainement trop noyé au milieu de titres résolument portés sur les variations imprévues, Punk Hardcore qui dégage néanmoins une impression de jouissance face à tant de puissance ("Homewrecker" et son final aux allures de fin du monde impériale).

Mais CONVERGE n'est jamais aussi bon que lorsqu'il dégaine du riff au rythme des balles chutant du barillet suffocant d'un Eastwood façon Impitoyable. "Bitter And Then Some" annihile toute tentative de se lasser avec du Thrash plaqué or, et la médaille reste placardée sur le torse charpenté de "Heaven In Her Arms", succession de démons lâchés en torrent sur un auditeur déjà abasourdi par ce nouveau Déluge.

Si le chant de Bannon est ridicule, il l'est autant qu'efficace, car il n'est qu'un aboiement noyé dans la masse torturé d'un Chaoscore shooté à la testostérone, que CONVERGE ne retrouvera pas par la suite, du moins au même niveau. Et si les Américains jouent parfois la carte du bizarre et peuvent sembler plus faibles ("Distance And Meaning" est moyenne), ils conservent jusqu'au bout un sens du rythme impressionnant sur un album construit comme un brûlot du début à la fin (on souffre encore sur "Thaw" l'hurlante), fin qui se termine par un morceau éponyme dramatique et imposant, qui annonce l'émotion plus présente sur le futur et extraordinaire "You Fail Me".

Encore deux albums malheureusement, avant de voir la fin d'un groupe qui jouait sincère et brut avant de céder aux sirènes de l'efficace stérile et dénué de profondeur. Immense.