"Skunkworks" montrait un Bruce Dickinson qui vivait avec son temps, qui savait se montrer moderne et dépouillé dans son approche de la musique. Bien que bon, l’album n’avait pas vraiment trouvé son public et Bruce Bruce retrouve deux anciens compagnons de route de l’époque de la Vierge de Fer : Adrian Smith, son complice de toujours à l’écriture qui tournait un peu en rond de son côté, et Derek Riggs, celui qui aura contribué à donner une identité graphique forte à IRON MAIDEN.

Justement, la bande à Steve Harris s’apprêtait à publier son onzième opus, le deuxième avec Blaze Bayley au chant et ici, Dickinson ne leur rend pas vraiment service. En effet, il signe avec "Accident Of Birth" un retour au Heavy Metal – pas forcément dans sa forme classique – et va donner un point de comparaison fort avec ce que prépare Harris dans son coin. Produit par Roy Z (qui partage les guitares avec Smith), Dickinson, réhabilite là tout simplement son nom face à ceux qui le dénigrent depuis "Balls To Picasso".

Déjà, Riggs en profite pour pondre une nouvelle mascotte, Edison. Les plus férus de la culture anglo-saxonne auront trouvé l’inspiration de Mr Punch, une marionnette aux histoire violentes, un peu dans la lignée du Guignol lyonnais (pour en savoir un peu plus, je vous invite à lire le graphic novel "Mr Punch" de Neil Gaiman et Dave McKean). Bon, ici, on dirait qu’elle nous fait un remake de Alien, ce n’est certainement pas la meilleure pochette réalisée par Riggs, que l’on sent quand même un peu flou au niveau de l’inspiration. Mais elle a le mérite d’être à peu près en phase avec le contenu de l’album.

Parce que là les p’tits gars, le Bruce, il crève la dalle et ça s’entend. Mazette ! Quelle voix ! Il n’a rien perdu de son chant reconnaissable entre mille et il nous le prouve dès le "Freak" inaugural, qui nous ouvre les portes de son nouvel univers métalisé. Le son est lourd, le groupe ne se repose pas sur la vitesse d’exécution. Dickinson prend le temps de poser des ambiances, de réfléchir ses morceaux sans tomber dans le piège du pompeux, pour produire de bonnes compositions avec des refrains qui restent bien en tête.

Des "Road To Hell", "Welcome To The Pit", "Accident Of Birth"… On en demanderait bien un peu de rab, non ? Et ce "Man Of Sorrows", superbe, qui montre que Bruce, aussi arrogant, gonflant, énervant soit-il, n’en demeure pas moins un excellent chanteur qui véhicule de l’émotion comme il se doit (et cette charge émotionnelle, tous les frontmen ne la prennent pas). Il livre là une prestation XXL qui n’échappera pas à Steve Harris.

"Accident Of Birth" marque donc le retour en force de Dickinson sur le devant de la scène Metal. Un très bon disque de Heavy, qui vieillit plutôt bien et qui continue à fonctionner aujourd’hui, comme si de rien n’était. Qui a dit que les années 90 furent une décennie atroce pour la musique ?