Les dés étaient pipés et ça, nous le savions tous. MACHINE HEAD allait avoir du mal à réaliser le même exploit qu’avec "Burn My Eyes", à savoir un hold-up parfait. Trois ans se sont écoulés depuis ce monumental premier album (un des meilleurs premier LP qui soit) et déjà nous sommes face à un mouvement de personnel (exit Kontos, bienvenue Mcclain, dont la frappe est certes plus technique, mais moins brute que celle de son prédécesseur). Des aléas connus de bien des formations, qui allaient toutefois marquer la carrière de MACHINE HEAD.

"The More Things Change…" débarque donc en 1997. Premier point faible, sa pochette se veut bien moins mémorable que celle de son prédécesseur. En même temps, s’offrir Dave McKean sur un premier opus, forcément, c’est mettre les petits plats dans les grands (et quand on apprécie l’art de cet illustrateur, c’est encore mieux). Nous retrouvons toujours Colin Richardson aux manettes, ce qui assure une continuité de son entre les deux albums, peut-être même un peu trop parce que voilà : "The More Things Change…" ressemble pas mal à son prédécesseur, en plus massif, plus lourd.

Déjà, les deux disques proposent un départ canon. A "Davidian" et "Old" répondent "Ten Ton Hammer" et "Take My Scars", soit une entrée en matière puissante, agrémentée de passages plus mélodiques, où la voix claire de Flynn est à la fête. Le hic ? Le reste, à l’exception de quelques titres qui se démarquent soigneusement ("Bay Of Pigs" par exemple). Ce n’est pas que c’est mauvais, mais… l’effet de surprise est passé et ce qui nous avait littéralement défenestré trois ans plus tôt n’a plus le même impact, d’autant plus que le groupe n’a clairement pas pris de risques, sinon celui calculé de conserver la même formule qui a fait son succès.

"The More Things Change…" va surtout mettre en avant le point faible de MACHINE HEAD : une incapacité assez régulière de ne pas afficher un niveau d’inspiration qui soit en adéquation avec ses capacités. Ici, cela passe encore, même si un morceau comme "Violate" prend trop de temps à faire monter la mayonnaise jusqu’à son débordement final (mais ce titre a toutefois le mérite de proposer quelque chose de neuf, de plus original pour le groupe). Sans être forcément pénible à l’écoute (d’autres albums s’en chargeront très bien), "The More Things Change…" s’alourdit, se fait plus épais et souffre d’un syndrome que l’on retrouve souvent dans le Groove Metal, celui de devenir inutilement pachydermique et pas toujours très finaud.

Ce disque s’écoute, s’apprécie, mais il ne parvient pas à tourner la page "Burn My Eyes" et il n’annonce en rien ce qui va attendre les fans deux ans plus tard avec un "Burning Red" qui va en interloquer (décevoir ?) plus d’un. Le cru de 1997 n’est pas inintéressant, mais il ne fait pas avancer les choses et sa surenchère Heavy, étrangement, l’affadit quelque peu, au point où certains titres s’oublient presque aussi vite qu’ils ont été écoutés. Forcément, c’est une déception après la déferlante "Burn My Eyes", mais on s’en contentera.