Demandée formulée par NATEAG666 le 4 octobre 2020. Désolé pour le délai, c'est une insulte au talent des Québécois !

"Earthborn Evolution" a été une putain de claque – pas une révélation, car on connaissait déjà le génie précoce du quartette de Death Technique originaire de ma province natale – d'un point de vue équilibriste. BEYOND CREATION arrivait à fusionner les éléments essentiels, soit le vent (la vélocité dans la technicité), le feu (les riffs abrasifs), l'eau (la fretless qui vient tempérer le brasier avec ses touches fraîches et fun) et la terre (le côté organique de cette musique complexe), pour créer un maelstrom presque parfait.

"Algorythm" et sa pochette archi intimidante, frigide et pompeuse, tranche illico avec celle du fédérateur "Earthborn Evolution". C'était à prévoir. Les Québécois allaient trouver un moyen de nous prouver qu'ils n'étaient pas des tendres, mais des mathématiciens musicaux capables de se réinventer dans la continuité. Quand on fait partie de l'élite de ce mouvement établi qu'est le Death Technique moderne, on doit absolument bouger rapidement pour éviter que les spores nous retiennent prisonnier. Les Québécois ont senti le piège et ont capitalisé avec un album plus alambiqué, moins accessible mais toujours aussi généreux.

Les principaux points de comparaison se situent au niveau de la longueur des pièces, légèrement plus longues ici, et de la trame générale, plus inflexible qu'en 2014, mais en même temps progressive – oui, je sais, ça a l'air antinomique, mais c'est complémentaire... Pourtant, "Entre Suffrage Et Mirage" et "Surface's Echoes" constituent un pont doré avec la superbe et catchy clôture de "Earthborn Evolution", "Fundamental Process", avec leurs riffs fédérateurs, leurs soli de malade et leurs atmosphères martiales. Or, BEYOND CREATION va plus loin dès la très intéressante "Etheral Kingdom", sorte d'interlude et d'intro au très bon morceau-titre de 7:37, qui nous plonge la tête sous l'eau.

C'est à partir de ce moment que l'algorithme se montre casse-tête, le quartette suivant vous achevant les neurones avec ses incessants soubresauts. Certains verront dans la construction de l'album une similitude avec "Earthborn Evolution", qui se complexifiait vers la fin. Je serais tenté de leur donner raison, même si je ne crois pas que les Québécois aient déjà incarné les bluesmen infernaux de cette manière. Girard et Chartré abattent un excellent boulot de ce côté tout au long du parcours, leur jeu se montrant autant rasoir que sensible quand il le faut. On sent vraiment une envie d'explorer les limites du genre Death Technique, en étirant le vortex au maximum pour rejoindre autant les fans de groove avec ces respirations prolongées et les hardos qui s'exciteront autant sur les rebonds de la fretless d'Hugo Doyon-Karout que sur les matraquages en règle de Philippe Boucher.

Le sentiment persistant au sortir de ce troisième album de BEYOND CREATION est une joie renouvelée, assortie d'un léger mal de tête. "Algorythm" est un poil plus intransigeant que son prédécesseur, alors vous devrez payer le prix pour vous y frotter.

Un must, une fois de plus. Je n'entrevois que de la déception dans le futur, car pour le moment, les Québécois maintiennent la barre bien haute sans trop forcer.

Podium : (or) "Surface's Echoes", (argent) "The Afterlife", (bronze) "Algorythm" - "The Inversion".

Indice de violence : 2,5/5.