Il est bien difficile de chroniquer "Onwards Into Battle", le deuxième album de BLOODTHORN, groupe norvégien de Black Metal mélodique, assez Doom dans sa recherche d"ambiances oppressantes et sillonnées d'une certaine forme de mélancolie. Pourquoi ? Eh bien, disons qu'à mon sens, ce deuxième épisode de la saga BLOODTHORN (le groupe développe un concept Heroïc Fantasy sombre qui trouve ici son second chapitre) pèche par son inconstance dans la qualité des présentes compositions : il faut d'ailleurs attendre le coeur du disque et le somptueux instrumental « Dead Silence », d'une tristesse touchante, pour retrouver l'excellent BLOODTHORN du premier chapitre.

Poursuivant sur la lancée de ce pur moment de chagrin, BLOODTHORN enchaîne avec deux compositions géniales, épiques, aux atmosphères sculptées par les claviers : « The Day Of Reckoning » surprend par la force de ses synthés symphoniques, tissant leur force expressive autour d'une accalmie centrale proprement magnifique, hantée par les spectre d'un piano enlaçant de superbes instruments à vents feutrés. « Sounds Of Death », quant à elle, impressionne par ses claviers grandiloquents et ses arrangements conquérants, sur fond de bataille et d'épées tintant dans un grand ballet de mort quasi cinématographique ! Wouah, quelle composition !

Cependant, une fois passée la surprise de ces trois compositions franchement magistrales, le groupe nous sert un Black beaucoup plus dense et compact qu'auparavant, avec cette énorme impression de chaos renforcée par une production étouffante. Lourde, empoisonnée de guitares massives et d'un jeu de batterie écrasant, la musique de « Onwards Into Battle » ne fait pas dans la finesse, et rappelle IMMOLATION ou MORBID ANGEL pour la densité du son. Et ce gros nuage de décibels en suspension est parfois tellement intense qu'il en finit par s'apparenter à un vrai boucan... ce qui ne facilite en rien la tâche des superbes mélodies de claviers, qui peinent à se frayer un chemin au travers de ce labyrinthe sonore envahissant (« As One In Darkness », « Beneath The Iron Sceptre », « Death To A King »). Même les solos de guitares de Kai (non, pas Hansen) et les vocalises de Christine finissent par s'y égarer, polluées par l'atmosphère âpre de l'ensemble.

Bon, il est entendu que les plus fondus d'entre vous sauront se régaler de ce maelström musical qui exhale - le plus souvent sur des rythmes enlevés ou rapides - pléthore de vapeurs infernales et empestées de souffre (les onze interminables minutes de « The Brighter The Light, The Darker The Shadow » figurent parfaitement l'épreuve que constituera, pour les néophytes, l'écoute de cet album peu accessible). Mais pour ma part, je ne peux qu'émettre des soupirs de frustrations : En s'acharnant à construire une musique à ce point écrabouillée par une production, certes atypique et donnant la parole à tous les instruments, mais franchement intransigeante, BLOODTHORN échoue là où brillent des combos tels que les deux monstres du Death précités : ces norvégiens finissent par rogner sur la personnalité forte déployée sur « In The Shadow Of Your Black Wings », et nous assomment de compositions vraiment peu digestes. Reste une magnifique pochette de Luis Royo, et un livret très complet... mais, tout de même, quel dommage !