Parmi les mystères de la vie, s’il y en a un qui m’étonne particulièrement, ce n’est ni l’œuf et la poule ou encore moins la création du monde, mais bien le pourquoi du comment du Deathcore bashing. J’veux dire, ok c’est brutal et pas forcément finaud, mais bon, le Grind bénéficie d’une mansuétude, voire de respect de la part de l'intelligentsia métalleuse dont le Deathcore ne jouit pas des masses, on ne va pas se mentir. Nu Metal, Post-Grunge, notre communauté a toujours su se trouver un canard, WC ou pas, boiteux sur qui chier allègrement quand vient l’heure des quolibets. Alors, parce que le genre mérite a posteriori une réhabilitation, parce que Remissa est arrivé dans l’équipe, parce que bon et con, c’est la même chose à une lettre près, voici quelques mots sur l’une des pièces fondatrices du mouvement, ici également décriée : "The Cleansing" et sa pochette emblématique, de SUICIDE SILENCE.

Les Californiens font partie des fondateurs de ce mélange de riffs à la sauce Death combinée avec les breakdowns de mammouth du Metalcore, courant lui aussi largement moqué. Autant dire qu’ils ne sont pas là pour trier les lentilles. Tout est conçu afin de casser des gueules et de briser les cervicales en mille morceaux, de manière peut-être trop systématique et ostentatoire, ce qui lui vaut sans doute ces critiques. Mais là où certains précurseurs, tels CARNIFEX ou WHITECHAPEL sont allés incorporer d’autres touches, Sympho ou Black pour les premiers, Heavy/Mélodiques pour les seconds, SUICIDE SILENCE fait du pur Deathcore destinés aux teubés, ou du moins à ceux qui savent apprécier à sa juste valeur un défouloir d’’une efficacité redoutable.

Car il faut bien avouer que l’album est un concentré de haine primitive, et défouraille sévèrement, à l’image de l’artwork. Et même si je lui préfère peut-être "The Black Crown" qui suivra quelques années plus tard, il n’est pas question de mésestimer la puissance dévastatrice de ces treize pistes d’environ trois minutes de moyenne. SUICIDE SILENCE (je vais éviter les initiales pour le coup…) n’a pas de temps à perdre ici, à poser des ambiances, à sophistiquer son propos. Il tape dans le mille dès le premier titre suivant l’introductif "Revelations". "Unanswered" ? Moi, je crois que la question, elle est vite répondue.

Alors certes, le "chant" de feu Mitch Lucker (RIP, petit bourrin parti trop vite), oscillant entre une voix littéralement écorchée vive et des growls bien gutturaux à la CANNIBoule, ça peut heurter quelque peu la sensibilité des âmes sensibles dans l’assistance, je ne dis pas le contraire. Mais on a déjà entendu pire dans le Death ou dans le Black, donc pourquoi tant de haine ? N’y a-t-il rien à sauver du riffing belliqueux de "Hands Of A Killer", ses blasts limpides ("Price Of Beauty") et sa china annonciatrice des pires sévices suspendue dans le temps ("The Fallen") ? Évidemment que c’est répétitif, j’entends déjà les vautours se repaître de la bête le genou à terre, c’est le principe mon pote. Taper, taper, et encore taper. Vite et fort. Mais c’est fait avec tellement de maîtrise ("No Pity For A Coward") et porté par une production abrasive mais limpide, que cela force le respect (ou tout du moins le mien).

Toute une époque, ma bonne dame… (Soupirs et regard ému et embué vers le ciel).

Note réelle : 3,5/5.