LINKIN PARK.

Dire qu’une génération de Metalleux a découvert son style fétiche avec ce groupe, serait un euphémisme. Avec le duo "Hybrid Theory"/"Meteora", des millions de jeunes adolescents ont goûté au Neo Metal. Par la suite, la brèche était ouverte : il suffisait alors de s’y faufiler afin de découvrir un univers de genre Metal. Ainsi, certains sont tombés dans le Thrash, d’autres ont aperçu le Power, et ainsi de suite.

Bien sûr, suite aux dernières sorties d’albums à des années-lumière du Metal, la plupart d’entre nous cachait son affiliation avec le "paternel" et avait plutôt honte d’être relié à LINKIN PARK. Lorsqu’on se faisait questionner sur le contexte de notre venue dans ce merveilleux univers, on devenait alors vague : c’était avec le Neo Metal qu’on était tombé dans la soupe, rien de plus…

C’est cependant avec la mort de Chester en 2017 que la plupart d’entre-nous sont retournés au bercail. Un peu comme si nous avions eu le besoin impérieux de se recueillir auprès de ce groupe que nous avions tant aimé par le passé. Les témoignages sur le site du groupe et sur les réseaux sociaux affluaient de partout afin de démontrer à quel point Bennington et sa bande avaient été d’une importance cruciale pour bon nombre d’entre nous.

Par la suite, LINKIN PARK avait été mis sur pause afin de faire retomber la poussière. La suite ? On ne la connaissait pas, puisque la colonne vertébrale du groupe était le duo Mike Shinoda/Chester Bennington. Désormais, la tête pensante était coupée de moitié. Plusieurs, dont le batteur Rob Bourdon, étaient d’avis que les gars devaient laisser les choses comme ça, mort et enterré. Sans son chanteur charismatique, LINKIN PARK n’était pas LINKIN PARK, point.

D’autres pensaient autrement.

Mike Shinoda croyait que, après avoir porté le deuil pendant plus de six ans, beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts. Il a alors décidé de remettre la machine en marche. Lorsqu’on compare des groupes ayant perdu un membre important comme AC/DC ou METALLICA, LINKIN PARK fut beaucoup moins empressé d’accélérer les choses et de remettre le train en marche.

Mais voilà : il est difficile de trouver un successeur au légendaire Chester Bennington. Le gars pouvait crier comme un démon et chanter comme un ange. Les recherches débutent, et c’est là que Shinoda fait bien les choses. Voulant éviter au maximum le jeu des comparaisons, il fait le choix de prendre une femme ! En plus, on parle ici d’une vétérane : Emily Armstrong de DEAD SARA. Malheureusement, la demoiselle apporte avec elle son lot de polémique.

En effet, son appartenance à l’Église de la scientologie n’aide pas les choses. Surtout lorsque l’on sait qu’elle a appuyé Danny Masterson (lui-même de la même religion) lors de son procès pour viol (il a d’ailleurs été reconnu coupable). Ceci étant dit, on a toujours l’option de mettre de côté sa vie personnelle afin de se concentrer uniquement sur son talent d’artiste.

Mike Shinoda décide de mettre les choses au clair dès le départ avec le titre de l’album fortement révélateur : "From Zero". Xero fut le premier nom du groupe, mais il y a aussi dans la démarche de LINKIN PARK la volonté de prendre un nouveau départ.

N’y allons pas par quatre chemins, le résultat est une franche réussite. Comme à l’habitude avec tout disque des Américains, la production est au poil. Ensuite, la principale intéressée est tout à fait capable de chanter et de crier comme jamais : elle s’écorche allègrement les vocalises avec le rentre-dedans "Casualty" ou "Two Faced". Non seulement elle semble plus que volontaire, elle semble même y prendre goût !

Niveau paroles, bien que l’on soit à des années-lumière de la qualité d’écriture du bien-aimé Chester, on peut prendre son pied avec "The Emptiness Machine", belle critique des réseaux sociaux et des gens qui aiment bien détruire des réputations bien assis derrière l’ordinateur. Il y a aussi "Heavy Is The Crown", axé sur le poids de la responsabilité d’être à la tête d’un groupe ayant vendu des millions d’albums.

LINKIN PARK ne serait pas LINKIN PARK sans les morceaux tournés vers l’électronique comme "Overflow" et "Stained" où la voix d’Armstrong fait des merveilles. Pendant un instant, on a l’impression de se retrouver des années en arrière et d’écouter "A Thousand Suns". L’avantage ici se situe sur le nombre limité de morceaux Electro qui empêche de tomber dans l’ennui.

L’époque de "Minutes To Midnight" n’est pas oubliée pour autant, avec des morceaux plus Pop comme "Cut The Bridge" et "Over Each Other". Alors, bien sûr, ceux qui espéraient un disque uniquement orienté vers "Hybrid Theory" et son Neo Metal seront grandement déçus. Mais LINKIN PARK en 2024 c’est ça : de la musique hybride qui inclut une multitude de musicalité. La plupart des fans l’ont d’ailleurs compris depuis belle lurette.

Bien que je lui préfère de loin les deux premiers albums, je dois dire que les morceaux plus fleur bleue sont des franches réussites. Le meilleur exemple réside d’ailleurs à la toute fin d’album, avec la pépite "Good Things Go" aux paroles qui me vont directement au cœur, comme à la belle époque de Chester.

Une renaissance réussie, voilà le constat à l’écoute de "From Zero". Malgré quelques morceaux qui pourraient être vus comme plus faibles, il faut comprendre que le but recherché de réunion est une revisite de tous les styles LINKIN PARK. Les gars ne renient pas leur passé, bien au contraire. Et que dire de la nouvelle demoiselle qui passe le test haut la main.

Morceau préféré : "Good Things Go".