En toute sincérité, en découvrant FIT FOR AN AUTOPSY avec leur "Black Mammoth", leur Deathcore féroce porté par Joe Badolato et orchestré brillamment par Will Putney, je ne pouvais pas rêver pour eux une telle ascension… Non pas que le talent ou la qualité des albums ne le permettaient pas, simplement que cette musique "de niche" ne pouvait à mon sens pas enfanter de réussite aussi éclatante, très injustement…

Que de chemin parcouru ! Car au moment de vous évoquer ce septième L.P des Américains, FIT FOR AN AUTOPSY est devenu une référence du genre. Oui, Messieurs Dames, rien de moins. La force de FFAA a été de rapidement comprendre que l’homogénéité décriée du Deathcore ne permettait pas de différencier facilement les groupes. Les natifs du New Jersey avaient ainsi ce son moderne, teinté d’influences GOJIRAesques par exemple, planantes et lourdes, à base de breaks aériens et surtout, mais alors surtout enrichi d’un chanteur absolument fantastique. S’y ajoutaient des soli, un riffing de mammouth, un batteur enthousiasmant et un sens du tube (oui, vous avez bien lu) qui permettait de déguster à chaque fois une pépite sur les trois derniers opus notamment.

"The Nothing That Is" semble s’annoncer comme le jumeau de "Oh What The Futur Olds" : titre énigmatique, artwork "particulier" (politiquement correct, quoi que moins piquant pour les yeux que le précédent, objectivement). Pourtant, j’ai eu en toute transparence beaucoup de mal à rentrer dedans et donc à m’en forger un avis sincère. La cause à un état de fait indéniable : ce nouvel album est massif et sans concession, comme les autres me direz vous, certes, mais encore davantage. Il possède bien moins de morceaux aériens et planants que par le passé récent du groupe. Il vous suffira de trois secondes de "Hostage" pour prendre la mesure du rouleau compresseur qui vous roulera dessus. La vitesse de frappe épileptique du toujours époustouflant Josean Orta continuera de vous martyriser ("Savior Of None/Ashes Of All", "Red Horizon"). On parlera même de bestialité avec un "Lower Purpose" puis de patterns éruptifs et saccadés (toujours avec notre pieuvre en action sur ses fûts), avec en prime un solo limpide dans un océan de ténèbres.

Il faut donner son temps à cet opus. De manière surprenante, il se révèle au fil du temps, de nombreuses écoutes étant nécessaires pour retrouver ses repères : "Savior Of None/Ashes Of All" par exemple est une petite pépite avec un superbe solo, un growl des cavernes incroyable, un chant clair planant, le tout envelopper dans une bestialité complète, portée à bout de bras par un Joe habité (allez jeter un coup d’œil au clip).

Avec un line-up conservé, année après année, album après album, il est évident que l’unité de ce combo est criante : FFAA extrait la substantifique moelle de la symbiose de chaque musicien à son poste pour composer des titres aussi complexes et puissants qu’ils sont dévastateurs.
Vous retrouverez donc des thèmes nihilistes et sombres, des breaks sauvages à vous briser la nuque, des guitares envoutantes et planantes au milieu de déluges de décibels ("Red Horizon"). Le titre éponyme nous rappelle aux règles du passé avec un refrain chant clair qui prend aux tripes, "Lurch" replace une introduction planante avant un déluge de rage. Un envoûtement via des sonorités sombres et douces à la fois, pachydermiques à s’en damner. Les rares touches de Prog’ qui donnaient cette singulière particularité à la musique du groupe se retrouvent finalement concentrées au sein de "The Silver Sun", en guise de clôture. Et il faut dire que, comme de coutume, le combo soigne sa sortie ! Calme, aérien puis destructeur avant un clavier planant… Fermez les yeux.

En 43 minutes, FIT FOR AN AUTOPSY diversifie son entreprise de destruction massive. Sans jamais se reposer sur leurs lauriers, les Américains conservent leur signature intégrale, augmentant nettement le côté Extrême de leur Deathcore mais sans oublier de le rendre subtilement toujours aussi accessible… à leur manière.
Audacieux, jusqu’au-boutiste, mais jamais en surrégime, FFAA continue d’enchaîner les perles, nous servant cette fois-ci un "The Nothing That Is" plus homogène que jamais, sans titre ultime ravageant tout sur son passage. Non, ici, c’est l’unité qui vous fera fondre.
La marque des grands, indubitablement.

Note réelle : 3,5, arrondie à 4/5.

Top : "Spoils Of The Horde", "Savior Of None/Ashes Of All", "The Nothing That Is", "Lurch", "Hostage", "The Silver Sun".