Ces derniers temps, alors que je suis complètement paralysé par l'écriture et un peu lassé d'écouter tous les ans cent cinquante nouveaux albums de Metal "plutôt bons mais pas dingues non plus" que je réécoute jamais ensuite, deux artistes ont vraiment été là pour maintenir mon lien avec le Metal : JUDAS PRIEST et SLAYER. Et quel est l'album de SLAYER le plus proche de JUDAS PRIEST ? "Show No Mercy" bien sûr.

Il faut quelque chose comme l’enchaînement "Metalstorm/Face The Slayer" → "Black Magic" pour me faire sortir de ma torpeur et écrire des trucs aussi cons qu'inutiles sur le pouvoir primordial du riff et le magma VENOM/PRIEST/FATE pendant que j’abats les murs porteurs de mon appartement avec ma tête sur le break de "Die By The Sword".

Le son de la batterie est un peu dégueulasse et Lombardo sera bien meilleur sur les disques suivants et pourtant le mouvement est irrésistible, mes mains tremblent, ma vision se trouble, mon esprit part en couille ballotté de riff en riff. Il y a dans ce primitivisme qui refuse l'incompétence et dans cette immédiateté qui refuse la précipitation quelque chose d’ineffablement charnel. Le geste qui touche sa cible, l'effort récompensé, l'ennemi vaincu.

Alors que SLAYER parle déjà d'Antichrists et de Crever par l’Épée, qu'il n'aura de cesse de se montrer morbide et ténébreux, il dévoile pourtant ici son visage le plus vivant, son corps frémissant et sanguin, son esprit empli de passion et de colère, agité par l'ivresse divine du riff. Résonnent les trois harmoniques naturelles du refrain de "Tormentor" et je suis transpercé par le certitude qu'il est autant impossible de départager les trois premiers SLAYER que de séparer ces trois harmoniques unies par la nécessité indicible de compléter ce refrain. C'est beau putain.