Après nous avoir sciemment chauffés, LINKIN PARK nous avait laissés en rade avec "Living Things", essayant artificiellement de concilier les tendances d’expérimentation électro avec le passé plus glorieux du groupe. A mon sens, le pire de leur discographie était alors atteint. Certes, "A Thousand Suns" et "Minutes To Midnight" étaient critiquables par bien des aspects, mais ils avaient le mérite de proposer une tentative d’évolution, que l’on adhère ou pas. Deux ans plus tard, voilà-t-y pas qu’on annonce un retour à des velléités plus guerrières, un retour aux sources, un bain de jouvence, que sais-je, une envie de retourner dans l’octogone pour bourrer des pifs. Après tout, pourquoi pas : lançons donc ce "The Hunting Party" et voyons de quoi il en retourne.

Bon… Loin de moi la volonté de doucher les espoirs d’emblée, mais avouons quand même qu’il y a plus d’action dans « Parties de chasse en Sologne » avec Brigitte Lahaie (paie ta référence de vieillard lubrique !) que sur cette annonce de battue frénétique, illustrée sur l’artwork. Au moins, concédons le retour de Brad Delson et de Rob Bourdon qui avaient disparu sur l’opus précédent, sans doute punis pour avoir volé le pain au chocolat de Mike Shinoda. Il serait de mauvaise foi de ne pas reconnaître une volonté de revenir à une certaine base qui avait propulsé les Californiens vers des sommets improbables. Oui, "The Hunting Party" est plus intense que ses trois prédécesseurs. Leur est-il supérieur pour autant, ceci est un autre débat.

N'allez pas pour autant vous attendre à un "Meteora 2", la violence reste parfaitement contenue dans le domaine de l’acceptable. LINKIN PARK ne renie pas non plus les mélodies travaillées précieusement pendant une petite dizaine d’années. S’il fallait définir un point médian pour le groupe, ce serait sans doute ce "The Hunting Party", qui condense la plupart des facettes de la formation, du plus agressif au plus fadasse. Chester, Shinoda et leur bande font du gros rock US, avec un peu de rap, un peu de cris (mais surtout pas trop), un peu de guitares, un peu d’électro, le tout sur des formats de 3’30, bien entendu.

Malheureusement, à l’exception de quelques pistes, pas grand-chose ne subsiste de l’écoute assidue du disque. L’écriture a été bien plus inspirée par le passé, notamment en ce qui concerne les chorus, qui avaient cette capacité à se taper l’incruste dans vos tympans en deux temps, trois mouvements. Sur cette cuvée 2014, pas grand-chose à garder, à part peut-être "Guilty All The Same" et le "Rebellion", qui nous invite pour l’occasion à retrouver le trublion Daron Malakian (SYSTEM OF A DOWN) pour ce qui restera à mes yeux le meilleur titre de la galette, sans pour autant casser trois pattes à un canard. Mais au moins, putain, ça dépote un peu.

"The Hunting Party" est un album correct, bien produit, moderne, mais manquant de hooks, un comble lorsque l’on s’appelle LINKIN PARK. Il s’écoute sans réel déplaisir, retrouve quelques poils sporadiquement, mais je dois vous confier, chers lecteurs, non sans une certaine honte, lui préférer "A Thousand Suns", qui avait au moins le mérite d’être écrit avec les tripes, là où cette cuvée 2014 me donne le sentiment de manquer quelque peu de sincérité et d’émotions, à l’exception du final "A Line In The Sand", de toute beauté. Ça valait presque le coup d’attendre, tiens !

Note réelle : 2,5/5.