Ça, c’est de la mandale bien calibré. Le genre de disque qui vous balance une soufflante à la tronche, de quoi remettre vos oreilles droites si ces dernières sont décollées. Et pourtant, que ce disque est bordélique, jusqu’au-boutiste, violent mais capables de passages plus « atmosphériques » qui en créent une de bien dégueulasse d’atmosphère, justement. Je dois confesser qu’au début, alors que "Concubine" me défalquait gentiment la gueule, je me demandais s’il n’y avait pas maldonne, qu’un disque d’inédits de MACABRE ne s’était pas sournoisement faufilé dans l’étui du CONVERGE. Il faut dire qu’on est à la lisière du Grindcore (ça va, ça reste en –core) et que le chant m’a vaguement évoqué celui de Corporate Death, les deux étant Chevaliers de l’Ordre de l’Inarticulée Conception.

Ce disque est vraiment extrême. La batterie appuie méchamment sur les cymbales, elles sont omniprésentes, elles rajoutent une touche supplémentaire à ce chaos constitué de riffs très répétitifs, qui ont un effet dévastateur. Ils contribuent à nous enfoncer la tête dans la boue de ce disque jusqu’à toucher les premières viscères qui passent par là. Et ces viscères, ce sont justement ces moments plus calmes, plus posés qui ne sont que des ilots de paix illusoires parce que nous savons pertinemment que la batte de base-ball va renouer sa romance avec notre occiput. Pour faire simple, les musiciens vous enchaînent à leur bagnole et vous traînent dans le vile à plus de cent kilomètres/heure. D’après vous, vous ressemblez à quoi après ça, hein ? Ben ouais. Exactement.

De la tuerie, il y en a des tas. SLAYER avait bien établi le concept, dans un autre genre. Mais là, le déluge de haine ne semble jamais se tarir. Tu prends, tu bouffes, tu dis merci et surtout, tu ravales tes larmes. CONVERGE ne tolère aucune supplique ici, il est là pour faire mal, très mal. Et de ce chaos, ce bordel, ce capharnaüm sonore s’extraient de véritables bonnes chansons (ouaiiiiiis, j’ose le terme, ça donne une contenance au truc), comme "Hell To Pay", rampante et oppressante, "Heaven In Her Arm" ou encore le final dantesque qu’est "Jane Doe". On ramasse ses dents, on dit merci et on s’en va voir son dentiste avec les fesses en feu, là où les musiciens nous l’on botté avec leur 45 fillette.

De ce déluge de violence, on ne pourrait trouver que du vide, j’y vois de la rage. De la pauvreté musicale ? J’y vois… un truc bordélique, mais bien foutu, qui interpelle avant de te balancer le contenu de la friteuse à la gueule. Et même froid, ce n’est pas agréable ça. Je vois surtout un groupe qui nous a balancé son "Reign In Blood" à lui, un truc sans concession, un disque fou et brutal qui sera certainement à jamais inatteignable pour CONVERGE. L’effort mérite au moins d’être salué. Après, soit on aime se faire piétiner par un troupeau d’éléphants, soit on est trop délicat pour cela, mais ce disque ne laisse en aucun cas indifférent. En plus la pochette est plutôt réussie.