Deux Lives, un single et un album. Depuis la mise en route du format "élargi" des vétérans d'HELLOWEEN, le groupe a eu la tête tournée vers les concerts plus que vers le studio. On ne saurait lui en tenir rigueur, car l'harmonie retrouvée méritait bien que l'on s'attarde sur le foisonnant patrimoine de la formation allemande, d'autant plus que, c'est chose rare, le timbre intact de Michael Kiske et toujours puissant d'Andi Deris nous permettaient de redécouvrir ces tables de lois du Speed Metal avec la même saveur que celle qui se dégageait lors de la première fois.

"Live At Budokan" est donc le deuxième Live publié par HELLOWEEN depuis son rabibochage. C'est cette fois-ci vers le Japon que s'est tourné le groupe, et l'audience du Budokan n'a de cesse de donner de la voix. Alors que le public japonais avait pour habitude de manifester son enthousiasme de manière modérée, il fait ici preuve d'une ferveur semblable à celle que l'on peut entendre dans les salles sud-américaines. Les autres albums live enregistrés dans cette salle mythique (et publiés par MSG, CHEAP TRICK, Mr BIG ou encore Ozzy OSBOURNE) sonnent presque creux en comparaison.

Et surtout, conforté par un album solide, le groupe propose un programme très alléchant, qui permet à chacun de briller, de manière individuelle ou collective. Après un "Skyfall", mise en bouche épique qui, tout compte fait, ne vaut tout de même pas la flamboyance d'un "Halloween", le groupe déroule une setlist qui va piocher dans tous les éléments épars qui constituent sa riche identité. La combinaison vocale d'Andi Deris et de Michael Kiske, qui trouve son climax sur la ballade "Forever And One", formidablement interprétée, s'oppose amicalement au timbre "punk débraillé" d'un Kai Hansen qui brille sur un medley qui achève d'actualiser ces œuvres de jeunesse que sont "Walls Of Jericho" ou encore "Metal Invaders".

En fait, l'alchimie est ici aux petits oignons, et le groupe déroule naturellement ce set qui, s'il éclipse malheureusement totalement la période 1998-2015, aucun titre post "The Time Of The Oath" n'étant interprété, combine fort bien nouveautés et classiques, les deux chanteurs étant ici chacun servis généreusement, Michael Kiske se faisant impérial sur les éternels "Eagle Fly Free" et "Future World". Une bien belle manière de clôturer cette phase "retrouvailles" avant de démarrer espérons-le un nouveau chapitre en studio qui abordera mieux que le sans titre de 2021 la gageure que constitue l'intervention de multiples chanteurs sur un même album.