4 ans après avoir touché au divin, au sublime avec le fabuleux "Slave To The Grind", SKID ROW est attendu au tournant lorsqu'il sort son 3ème opus "Subhuman Race". Il faut dire que Sebastian Bach and Co. ont placé la barre très haut, au point que certains les voyaient détrôner GUNS N' ROSES à l'époque. Depuis, les modes musicales ont changé et on était en droit de se demander si SKID ROW était toujours capable de relever le défi.

A l'écoute de "Subhuman Race", on s'aperçoit que SKID ROW n'a pas été totalement insensible aux nouvelles tendances, mais ne renie pas pour autant ce qu'il a fait auparavant. La production de l'album est un poil plus crunchy, plus moderne (en se mettant bien dans le contexte de l'époque). Résultat : ce disque mélange tour à tour heavy, punk, power metal (le succès grandissant de PANTERA à l'époque y est sans doute pour beaucoup), ballades (on en recense 3 au total), avec quelques relents grungys, voire thrashisants. Sur le papier, c'est plutôt ambitieux, d'autant plus que le combo du New Jersey a un sacré potentiel.

Dans la pratique, par contre, ça laisse sérieusement à désirer. Sur cet opus, SKID ROW souffle le chaud et le froid. Le quintette US exprime tout son talent et son savoir-faire sur des titres comme les mid-tempos agressifs "My Enemy", "Beat Yourself Blind", l'énergique et très rock n'roll "Medicine Jar", "Frozen" avec l'alternance mélancolie/virulence, la speederie keupon "Bonehead" et la power-ballad "Into Another". Ça, c'est du bon, voire excellent SKID ROW. Par contre, on a du mal à reconnaitre ce combo lorsqu'on écoute "Firesign", une compo rock fade, molle du genou, la ballade grungy "Eileen" qu'on croirait volée à SOUNDGARDEN, "Face Against My Soul" ou encore l'autre ballade "Breakin' Down", qui n'a rien à envier aux mièvreries de certains groupes pop britanniques des 90's. Concernant "Remains To Be Seen", on est en présence d'une compo inachevée, bâclée car pondue à la va-vite (et ce titre, à lui seul, montre bien que SKID ROW ne s'est pas beaucoup démené pour essayer d'élever le propos sur cet album, que quelque chose a dû se briser après "Slave To The Grind").

Au final, "Subhuman Race" n'est pas un mauvais album, loin de là, mais il laisse un goût d'inachevé car SKID ROW alterne l'excellent et le franchement dispensable. On n'atteint pas les sommets de "Slave To The Grind", ni même les côtés catchys et accrocheurs du premier album éponyme. D'ailleurs, l'album "Opium For The Masses" de BAD MOON RISING, également sorti en 1995, est beaucoup plus efficace, je trouve. Si SKID ROW, touché par la grâce, a tutoyé les cieux en 1991, il est devenu un bon groupe ordinaire 4 ans plus tard et la chute fut plutôt dure, d'autant plus que "Subhuman Race" fut le dernier disque enregistré avec le chanteur Sebastian Bach. Par la suite, rien n'allait plus être pareil et, avec du recul, on peut se dire que SKID ROW a vraiment gâché une carrière qui aurait pu être des plus brillantes (au moins, autant que GUNS N' ROSES ou MÖTLEY CRÜE).