Vous avez un pote comme ça ? Vous savez le genre qui vous raconte toujours la même blague, en rigole, et serait tenté de l'expliquer au cas où vous n'auriez pas saisi son énorme premier degré ? Et bien ULTRA VOMIT, qui désormais atteint les vingt ans de carrière (davantage même si on remonte à "Kebabized At Birth") en arrive là. Extrêmement gros et représentatif du plus populaire Metal de France (doit-on rappeler la tournée du Gros 4 ou encore sa performance dans les jardins de l'Élysée poussée par McFly et Carlito ?), ULTRA VOMIT peut faire ce qu'il veut, il a un public extrêmement vaste. Et il a quelque part conscience de son niveau, de ses limites et depuis le carton de "Objectif : Thunes" privilégie très largement les concerts aux sorties studio. S'il a tiré fort sur la corde jusqu'à la sortie de "Panzer Surprise !"(pas loin de neuf ans quand même), il aura fallu sept ans pour voir débarquer son successeur "Ultra Vomit et le Pouvoir de la Puissance" rien que ça !

Ses membres désormais emblématiques (y compris Matthieu Bausson), reste à savoir à quoi s'attendre… Si on a suivi l'introduction de cette chronique, on a une petite idée, une encore plus précise quand la liste des titres se présente à nous. ULTRA VOMIT nous livre là son album le plus long, et c'est pas une blague.
Par contre justement du côté des vannes et de l'humour, pas de renouvellement à l'horizon. On notera néanmoins que les réappropriations d'artistes sont de plus en plus subtiles en un sens, à l'image de ce "Doigts De Metal" qui revisite ORELSAN avec un hook absolument intraitable (♪l'index tourné vers le ciel, l'auriculaire vers le ciel ♫) ou encore "Dead Robot Zombie Cop From Outer Space II" qui croise "Dead City Radio And The New Gods Of Supertown" et "Dragula" avec saveur. La capacité des mecs d'ULTRA VOMIT à identifier et reproduire les gimmicks des artistes qu'ils singent reste à porter à son crédit. Bonne idée d'avoir perpétué la petite visite touristique initiée sur "Takoyaki" avec ce "Patatas Bravas" largement dynamisé par les fous furieux de CRISIX, mais aussi ce "Ricard Peinard" qui rappellera aux amateurs d'ANDREAS ET NICOLAS "Montrez-Moi Vos Miches Madame".

Ma première écoute de l'album fut pour le moins désastreuse, un digital caca que me faisait écouter un ULTRA VOMIT en roue libre et qui touchait le fond de la cuvette des chiottes. Car l'humour pipi-caca y est roi et me semble même encore plus poussé que sur "Panzer Surprise !" et j'avoue que je suis depuis longtemps trop vieux pour ces conneries (bon en fait je l'étais déjà en 2008), et ULTRA VOMIT pousse le bouchon au plus loin avec son "Mollo Sur Le Caca" où il se moque de lui-même. Mais la fin de l'album opère même un spectaculaire coup d'œil dans le rétroviseur du côté de "M. Patate" pour une fin d'album passable. Et je ne suis clairement plus la cible de ce genre de plaisanterie.

Comme dit plus haut, ULTRA VOMIT est un grand professionnel encore capable de coups d'éclat même si rien ici n'atteint le potentiel d'un "Kammthaar" ou d'un "Je Collectionne Des Canards". Il pompe son propre "Pauv' Connard" sur "Mouss 2 Mass", longuet au possible. Au-delà de ça, si, "Le Coq" ça passe, "Tikawahukwa" est amusante aussi avec ses œillades brésiliennes. Le texte parlé de "The Gruge" presque plus marrant que la chanson en elle-même, comme "Mountains Of Maths" en son temps. Bref un disque pas dingue de plus, mais loin du naufrage que je lui promettais au départ. Je ne doute pas qu'il aura ses adeptes. Me concernant, la blague a fait long feu.