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MANOWAR - Battle Hymns (1982)
Par FREDIAN le 6 Décembre 2024          Consultée 234 fois

We met on English ground
In a backstage room
We heard the sound
And we all knew
What we had to do

Ce qu'ils devaient faire, le voilà sous vos yeux : ce groupe de Metal sans concessions, "parrainé" par Ronnie James Dio himself lors de la tournée "Heaven & Hell" (1), qui nous raconte son histoire sur son titre éponyme. "Manowar", soit les hommes de guerre, joue encore avec le double sens de son patronyme ("Manowar [...] the right to conquer every shore" (2)) et affiche ses ambitions et son Metal way of life (dont "Metal Daze" sera la première déclaration d'une (trop) longue série). Quant à l'enfer et le paradis, il en sera souvent question notamment au travers des mythologies nordique ou grecque.

Ici ce sera cette dernière et des références bibliques qui jalonneront le récit de "Dark Avenger" qui s'offre la voix grave et profonde d'Orson Welles en guest de luxe pour inaugurer un narratif soutien à l'ambiance épique de la musique ; narrations qui deviendront une habitude de plus en plus mauvaise au cours de leur carrière (d'autant qu'aucune voix n'égalera celle d'Orson et qu'ils abuseront d'effets ridicules, sauf sur le réenregistrement de "Battle Hymns" avec Christopher Lee). Pour le reste, lyrics classiques Rock'n'Roll, ode à la liberté et l'anticonformisme ("Death Tone", "Fast Taker"). Si on perçoit déjà que MANOWAR chevauchera les épopées épiques ("Battle Hymn"), les motos ("Death Tone") et les femmes ("Fast Taker"), ils n'en font pas trop et évitent la caricature qu'ils brandiront à partir de "Kings Of Metal". "Shell Shock" qui évoque le Viet-Nâm et les syndromes post-traumatiques en est un bel exemple, preuve qu'ils peuvent aborder un sujet sérieux sans compromettre l'intensité de leur musique.

Si je considère le triptyque qui suivra comme le pinacle de leur carrière, les établissant à tort ou à raison (MANILLA ROAD, CIRITH UNGOL pouvaient prétendre à la couronne mais MANOWAR avait le roi du genre au chant) comme chefs de file du (Heavy) Metal Épique, ce premier album est, par bien des aspects, réjouissant. Quelques titres ("Dark Avenger" et surtout "Battle Hymn", hymne parfait pour batailles légendaires - d'ailleurs le fait qu'ils n'ancrent pas le récit dans une quelconque mythologie lui donne un côté intemporel et universel) laissent présager de la suite homérique de leur carrière mais la majorité du disque est un Hard Rock Metallisé hérité de KISS qui, s'il ne révolutionne rien, intronise un chanteur dont on devine déjà l'énorme potentiel et surtout riffe et groove à tous les étages ! Si vous ne connaissez que le MANOWAR qui like it hard, like it fast, got the biggest amps, and wanna blast vous serez shell-shocked !

"Battle Hymns", c'est le royaume de Ross qui brille notamment sur les cinq premiers titres laissant sa guitare s'exprimer avec bonheur (et sur le faux éponyme, Ross nous gratifiera tout simplement du meilleur solo de toute la discographie des Américains). J'ai toujours pensé que MANOWAR aurait du garder davantage cet aspect-là dans sa musique quitte à ne pas toujours faire mouche ("Death Tone" est convenu et poussif là où "Metal Daze" et "Shell Shock" pulsent). "Battle Hymns", c'est aussi Donnie Hamzik dont le jeu de batterie, bien plus groovy, fin et riche (e.g. ces petits fills dans "Metal Daze") que celui de Scott Columbus, apporte beaucoup de dynamique aux morceaux, même aux titres épiques. L'association Ross/Donnie insuffle par exemple un côté plus galopant aux cavalcades de "Battle Hymn" que la version Logan/Columbus plus rigide et qui mise tout sur l'intensité de la frappe et la puissance du morceau. C'est un choix. Je reste attaché à la fraicheur et la légèreté de cette version originelle.

Album imparfait, typiquement juvénile et pas encore affranchi de ses influences jusque dans sa pochette rappelant SAXON, doté d'une production faiblarde, "Battle Hymns" est pourtant indispensable pour comprendre MANOWAR. Tous les ingrédients qui feront leur succès et leurs défauts sont déjà là (dont le solo de basse "démonstrocrade", ROSSINI doit tourner du dos dans sa tombe). La recette n'est pas encore aboutie (le prochain album s'en chargera) mais quelques dosages bien équilibrés nous en montrent déjà tout le fulgurant potentiel.

MAster of reality : "Shell Shock"
NOthin' to lose : "Metal Daze", "Manowar"
WARrior : "Battle Hymn"

-

(1) Voir ma KroX de "Hail To England" pour plus de détails, ainsi que la Kro principale d'Erwin bien sur.

(2) Dans le jargon de la Royal Navy, un "man'o'war" désigne un navire de guerre (XVIIème-XIXème siècles). MANOWAR déclarera en interview que leur nom n'y fait pas référence et évoque plus simplement le guerrier héroïque qui illustrera d'ailleurs la plupart de leurs pochettes.

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   (5 chroniques)



- Joey Demaio (basse)
- Eric Adams (chant)
- Ross The Boss (guitare, claviers)
- Donnie Hamzik (batterie)


1. Death Tone
2. Metal Daze
3. Fast Taker
4. Shell Shock
5. Manowar
6. Dark Avenger
7. William's Tale
8. Battle Hymn



             



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