Mick Shinoda est malin, terriblement malin...
Tout le monde le savait et maintenant le sait : c'est bien lui le cerveau de LINKIN PARK.
Son intelligence s'était exprimée dans la première vie du groupe : il avait très vite compris qu'il fallait s'éclipser au profit de Chester, dont la personnalité troublée et fragile mise en avant permettait de concentrer les lumières (assez contradictoire me direz-vous pour un individu qui au contraire voulait les fuir à tout prix...). La mort (inévitable) de Chester en 2017, tout le monde était d'accord : LINKIN PARK était enterré avec son charismatique frontman. Histoire close, fin de transmission.

Sauf que...

Sauf qu'il est d'une intelligence artistique rare je vous dis. Chester ne pouvait être remplacé. Aucun chanteur ne pourrait se poser derrière le micro. Une évidence. Alors, il abat son atout imparable : une femme.
Comment ne pas fort logiquement donner sa chance à cette belle idée : Chester n'est plus, Emily Armstrong (c'est son identité) mérite qu'on se penche sur son berceau.
La chanteuse de DEAD SARA (Hard Rock, Post Hardcore) est entrée en collaboration avec Mike en 2019 pour ce qui semble ressembler à une volonté pour l'artiste de revenir aux affaires à l'époque sans penser à LINKIN PARK. Au fil du temps, Dave Farell et Joe Hahn ont rejoint les sessions. Et la machine s'est réanimée.

J'étais en ligne le 5 septembre vers 1h30 de mémoire pour découvrir live le set du groupe annonçant son retour. Le secret de polichinelle avait fuité et Armstrong a assuré.
Il m'a suffi d'une écoute pour vraiment adorer l'énergie de "The Emptiness Machine", qui pourtant perd ici toute sa hargne que la prestation live propose. La voix d'Emily, quand elle lâche les chevaux, est vraiment intéressante...
Ce fut également l'occasion de découvrir les absences de Rob Bourdon remplacé par Colin Brittain mais également Brad Delson. Ce dernier a toutefois signé ici les parties de guitare mais ne souhaite plus assurer les tournées et les lives du groupe.

Colin offre un son plus sec et "direct" à sa batterie, permettant de (re)découvrir un groupe bien plus Rock et direct : "Cut The Bridge" sonne très énergiquement, loin des standards du groupe. L'intro de "Heavy Is The Crown" et la construction du morceau permettent de davantage se rapprocher du LINKIN PARK du passé, comme avec "IGYEIH" (I Give You Everything I Have). Dans le même genre, "Two Faced" redonne des sonorités de guitare de Brad qui font tellement plaisir. Quel dommage de ne pas prendre le pari de les valoriser encore à nouveau en 2024.

Emily fait à nouveau preuve d'un sacré chant screamé qui fait plaisir à entendre, également sur "Casualty", résolument rentre dedans et bas du front ! On retrouve des titres plus Pop sans grand intérêt ("Over Each Other", "Overflow", "Stained", "Good Things Go") bien trop tournés vers les réseaux de radio.

"From Zero" est toutefois un album facile, entaché par la personnalité de Emily Armstrong. Membre de la secte de l'Église de Scientologie, elle a dernièrement multiplié les soutiens à un individu condamné avant de tenter de rétropédaler de manière pathétique. Le mal était fait et le doute semé. Moi, je bloque.

"From Zero" porte évidemment bien son nom : il ne pouvait en être autrement. Ce départ de rien est un effort honnête et intéressant, résolument dans l'air du temps de la musique américaine, destinée à remplir des stades et des salles de concert de (très) grande capacité. En un peu plus de trente minutes et onze compositions, LINKIN PARK efface l'immondice "One More Light" (pouvaient ils faire pire ?) et laisse augurer une dynamique qui bénéficie à mon niveau d'une curiosité respectueuse.

Note réelle : 2,5/5, arrondie à la supérieure par guilty pleasure.

Top : "The Emptiness Machine", "Heavy Is The Crown".