Fallait pas trop le faire chier, l’ami Dave. Sur une sombre histoire de clébard alcoolique (ou un truc du genre), il se fait éjecter comme un malpropre de METALLICA, avec en guise de solde de tout compte un aller-simple en bus pour rentrer chez sa daronne. Lui qui éblouissait de sa classe les shows incandescents des four horsemen aux côtés de Cliff, pendant que James et Lars faisaient encore leur gammes, était mis au ban, avec sa seule haine pour compagnon. Il lui aura fallu quelques années pour la distiller en une petite galette de trente minutes seulement, "Killing Is My Business…And Business Is Good" ne sort qu’en 1985 quand ses anciens comparses sont sur le point d’enregistrer "Masters Of Puppets", deux LP déjà au compteur. Quand les Mets enrichissent leur formule en la complexifiant, l’ami Dave débarque avec un temps de retard, comme toujours, nous livrant une pièce féroce et incroyablement punkisante, invitant au mosh et à la bagarre.

Alors oui, la production est poucravissime - encore un hommage Punk ? -, oui les compositions sont un brin bordéliques, mais l'œuvre sent la transpiration, la vitesse, l’agressivité, mais aussi la virtuosité et l’urgence, comme peu de disques Thrash puent réellement. Pas de question de posture ici, ni de recherche, "Killing…" délivre une musique pleine balle, un enchevêtrement de pièces instrumentales instinctives sur lesquelles le rouquin peut déverser sa bile de Xénomorphe à la crinière de feu. Junior est déjà présent à la basse, dans son style caractéristique, il est même curieusement en avant. Rien n’est logique ici. Les titres traversent tel de l’acide les résistances auditives et livrent un avant-goût de ce que le groupe deviendra, se permettant au passage de poser quelques titres pour l’éternité ("Last Rites", le title-track, la MOTÖRHEAD-ienne reprise de "These Boots").

"Killing Is My Business…And Business Is Good" fait partie de ces albums mythiques sans que la musique ne soit la première responsable de ce statut culte. C’est bien la colère qui drive la main et la voix de Mustaine, et elle sue par tous les pores de ce premier album. Chaotique, rapide, méchant, vicelard, il constitue un avant-goût des sévices que son géniteur aurait aimé faire subir aux traîtres l’ayant laissé sur le trottoir, au moment d’emprunter le chemin de la gloire.

Ils ne perdent rien pour attendre.