Voilà un retour d’ancêtre qui ne laissera personne indifférent. La production ? Ni datée, ni actuelle. Surprenante au départ, on s’en accommode très bien, d’autant qu’elle met la basse de Ian Hill aux avant-postes. En un mot : intemporelle. Contrairement à pas mal d’albums de True Metal du début des années 2000 dont on peut aujourd’hui se dire « mais qu’est ce qui leur a pris d’enregistrer la batterie comme ça ? » ou encore « où est la basse ? », je pense qu’on pourra ressortir ce disque dans dix ans sans se formaliser ou en se disant « ah ben là ça sonne bien rétro quand même ». Faux débat en ce qui me concerne, je l’ai dit dès mon arrivée sur ce site, les compos avant tout.

De ce côté-là il y a beaucoup à dire et il sera impossible de contenter tout le monde comme à chaque fois. On aura les vieux fans, qui ont adoré le groupe avec "Stained Class" et "British Steel", et qui doivent trouver depuis 86 que le groupe manque un peu de saveur, ou encore ceux accrocs aux différentes facettes du groupe, aussi fans de "Point Of Entry" que de "Defenders Of The Faith", et enfin les derniers, ceux que je me mets à détester le plus cordialement du monde quand ils croient savoir de quoi ils parlent et ne voient en JUDAS PRIEST qu'un "Painkiller" novateur pour le groupe à l’époque mais resté un splendide one-off.

Et voilà, il y en aura toute une armée pour se plaindre de la voix de Rob Halford… Il ne hurle plus des minutes entières. L’a-t-il déjà réellement fait à part sur l'opus de 1990 ? Non. En revanche du chant à fleur de peau à la "Beginning Of The End" ou "Cold Blooded" oui ! Et cent fois. Ce qui a fait la légende de Rob Halford n’est pas tant sa capacité à pousser des cris perçants, mais plutôt le fait que ces derniers soient servis par un timbre de voix hors du commun et une qualité d’interprète d’une finesse rare dans le Heavy Metal. Sur "Redeemer Of Souls", Halford fait du Halford, et au moins aussi bien que sur "Nostradamus" sans essayer d’être et avoir été. Certes "Halls Of Valhalla" éclate sa race, mais JUDAS PRIEST n’a pas intelligemment cherché à refaire la même chose sur dix titres.

Entre titres très Heavy lorgnant sur le Power ("Halls Of Valhalla", "Redeemer Of Souls"), Hard/Heavy plus 70’s façon "March Of The Damned", "Secrets Of The Dead", et classicisme 80’s à la "Down In Flames" ou "Creatures", nous avons là un condensé de la carrière de JUDAS PRIEST qui constitue, j’ose le dire, une porte d’entrée possible au néophyte. Les bonus sont de qualité et auraient tous mérité leur place sur l’album, "Tears Of Blood" aurait même pu remplacer "Crossfire" (malgré sa chouette intro) vu qu’elle paraît moins faiblarde. L’ère "Nostradamus" n’est pas oubliée avec ce "Beginning Of The End" aux couleurs mélancoliques de "Lost Love".

L’album, rehaussé d’une très belle pochette, est de bonne tenue. On n’est pas au niveau de "Nostradamus", pour moi un chef d’œuvre, mais avec ce retour à un Heavy plus plombé dénué d’enrobages synthétiques, JUDAS PRIEST, à défaut de surprendre, montre qu’il est encore vivant, et je le préfère à "Point Of Entry" ou "Ram It Down" par exemple.