Après un "Minutes To Midnight" en guise de transition pas totalement assumée, il y avait deux options pour LINKIN PARK : revenir à ses moutons Neo ou trancher franchement dans le lard et basculer vers une Pop de plus en plus électronique. C’est bien entendu la seconde voie que les Californiens ont choisie, au grand dam de la communauté métalleuse. On fout donc au chômage technique Brad Delson (guitare) et Rob Bourdon (batterie) pour les remplacer par des claviers, sans ménagement, et le groupe nous sert une plâtrée ni Metal, ni Neo, ni même vraiment Rock. Le virage est complet et assumé (de toutes façons, pas vraiment le choix vu l’ampleur du changement), malgré un "Blackout" un brin énervé, le seul de la galette.

Une fois le deuil fait, que reste-t-il réellement de ce quatrième opus, conspué de part et d’autre ? Ma foi, certaines mélodies ne sont pas dégueulasses ("Burning In The Skies", "The Catalyst", meilleure track ici sans débat), surtout lorsqu’elles sont interprétées par un Chester toujours aussi juste, même s’il ne montre que son versant mélancolique. Il continue de se répartir les pistes avec Shinoda, qui pour le coup se montre bien moins inspiré que son collègue. Son flow rappé n’a jamais été à la hauteur des maîtres du Hip-hop, et lorsqu’il est laissé seul aux commandes, le constat est d’autant plus flagrant, voire désolant ("When They Come For Me").

Les arrangements sont plutôt travaillés et efficaces, pour peu que l’on soit ouvert d’esprit et que l’on mette de côté les années glorieuses du combo. Bien rythmé dans l’ensemble, "A Thousands Sun" s’écoute plutôt bien au final, à l’exception des titres de Shinoda, qui fait presque de la peine à balancer des "Motherfuckers" totalement hors de propos. Ça dégouline quand même un peu de partout ("Robot Boy"), préfigurant certaines formations de Metalcore ricaines qui en usent et en abusent sur leurs refrains de nos jours encore.

Pour ma part, j’aurais la dent moins dure que mes collègues, sauvant quelques mélodies du naufrage qui auront su me toucher, et la voix du regretté Bennington, à qui on pourra reprocher beaucoup de choses, mais pas la sincérité et une capacité à transmettre des émotions réelles ("Waiting For The End", "Iridescent" et ses jolies harmonies vocales, "The Messenger"). Extrêmement audacieux pour le coup, LINKIN PARK voulait faire ce disque. Ils l’ont fait envers et contre tous. Il n’est pas très bon, certes. Mais il n’est pas dénué de toute sensibilité, toute popesque soit-elle.

Comme l’a dit Jacques Prévert un jour, on reconnait le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va.

Note réelle : 2,5/5.