Ce qui me marque le plus depuis que je suis arrivé sur Nightfall en 2007 c’est le lien musical qui nous lie, nous les chroniqueurs du site…
Certains arrivent, restent ou partent, des affinités se créent, souvent virtuelles, parfois IRL, mais nous arrivons tous à nous "cerner". C’est une expérience sociologique à mon niveau qui m’éclate littéralement. Je suis certainement capable de savoir si tel ou tel artiste/album pourra plaire/intéresser mes comparses d’aventures musicales.
Mais ce qui me touche le plus, c’est quand la réciproque s’applique à mon encontre : si Mefisto et Jeff étaient mes pourvoyeurs initiaux, depuis quelques temps maintenant Kol, T-Ray, Remissa (indirectement) et John Duff sont aux petits soins pour moi ! L’occasion pour moi de sincèrement remercier toute notre team.
Ainsi, T-Ray a conseillé FIRELINK à John Duff, lequel m’a finalement proposé d’en parler, je le cite, "C’est potentiellement ta came !"…
Et c’est bien là que la magie opère, car le lascar me précise que c’est du Dark Souls BM Mélodique… Mon cerveau a alors littéralement vrillé…

La raison est claire : outre le Metal, la seconde immense passion de ma vie est le jeu vidéo en général, l’univers From Software en particulier. C’est bien simple, j’ai tout mangé, remangé, digéré et recommencé, encore et encore : Sekiro, Bloodborne, Elden Ring, Demon’s Souls et donc la trilogie des Dark Souls. Pour vous la jouer courte (je pourrais tenir des heures sur ces jeux), ce studio japonais fondé en 1986 est devenu une/LA référence en matière de jeu RPG exigeant, punitif et sans concession (certains diront "d’une difficulté insurmontable") : c’est face à ce type de jeu terriblement difficile, die & retry, que je trouve un défi motivant et passionnant.
Chaque jeu se définit par un univers Dark Fantasy cryptique, mystérieux, onirique, glauque, désespéré… Bref, un monde crépusculaire en ruine, frappé par des démons et où la lumière représentant l’espoir est un élément rare. Vous l’aurez sans doute compris, la bande son "idéale" pour un tel environnement ? Le Black Metal évidemment ! Ce jeu regorge donc de références parfaites pour le Metal en général, l’Extrême en particulier.
Et c’est donc ainsi que FIRELINK est arrivé dans mes esgourdes, grâce à la bienveillance combinée de mes deux confrères et je ne peux que m’incliner et "loué le soleil" (référence au jeu)…

Il est difficile de vous présenter clairement le duo à l’origine de FIRELINK : on trouve au chant Adrian Davis et pour tout le reste Harrison Stivarius. Les paroles reposent sur l’univers Dark Souls et ce combo n’est pas le premier à le faire, certes, mais jamais à un tel niveau.
Firelink Shrine est la première destination du joueur dans DS et servira ensuite de hub. Il s’agit d’un ancien sanctuaire en ruine utilisé comme "plaque tournante/lieu sécure" pour le joueur et de nombreux personnages de l’histoire (PNJ). D’où sans doute le nom du groupe.
Il faut enfin noter que la musique des jeux Fromsoft’ est un élément essentiel et incontournable de chaque opus : grandiloquent, chaque morceau illustre avec des envolées lyriques et d’opéra les affrontements déments face à des boss gigantesques qui vous demandent parfois plusieurs très longues minutes d’affrontement (où la mort peut survenir après… un seul coup) et des dizaines de morts et de tentatives infructueuses. Cette bande-son envoutante contribue indéniablement au succès pharaonique des différents jeu du studio, fort logiquement. A mon niveau, je suis littéralement envouté… Vous comprendrez donc que le challenge relevé par FIRELINK n’est pas de tout repos !

Le duo décline durant cinq morceaux marquants un Black Mélodique riche, dense et inspiré de (très) nombreuses influences du genre.
"Vessel Of The Primordial Serpent" ouvre le bal de manière très extrême : CRADLE OF FILTH est ici la base de l’influence du morceau (et donc du groupe je suppose). Il s’agit du titre le plus nerveux et agressif de l’album. Il s’ouvre sur une ambiance propre au genre avant de lâcher les riffs BM classiques : la voix d'Adrian s’oriente vers celle d’un Dani Filth, plus gras et possédé, comprenez avec une personnalité affichée. Elle est posée et parfaitement en adéquation avec le riffing chaud, rond et puissant de Harrison. Ce dernier délivre une sacrée première performance côté guitares, plaçant même quelques dissonances lorgnant vers DEATH du plus bel effet.
Il s’agit pourtant du titre le plus court de l’album, autour de 4 minutes 30 secondes. Pour la suite du repas, on passe entre 9 et 10 minutes, dans les classiques du genre !
Et c’est bien à ce niveau que FIRELINK surprend, en modifiant drastiquement son offre : "Kindled" se veut planant, envoutant à s’en damner, reposant sur une dualité d’une longue ouverture clean avant le retour de la distorsion. La prestation sur sa Kiesel AM7 (DropA) de Harrison est vraiment enthousiasmante tout au long des dix minutes. FIRELINK arrive ainsi à se donner une identité forte, ici davantage influencée par le SHINING de Kvarfort avec une certaine forme de mélancolie douce, qui se prolonge sur "Manus".
Le voyage se poursuit donc vers un Black mélancolique, presque Atmosphérique, planant et d’une réelle beauté venant se conclure dans une ambiance toutefois oppressante et mystérieuse (typiquement Dark Soulienne).

De façon générale, les combats titanesques de boss qui caractérisent la beauté et l’ingéniosité des Dark Souls sont marqués par des phases : en effet, chaque boss a le plus souvent plusieurs formes. Une fois que vous venez à bout de la barre de vie du gardien des lieux, il se transforme en une forme plus puissante. Et cette mésaventure est une obligation dans notre parcours masochiste : si vous croyez que c’est gagné, vous n’en êtes que davantage pour vos frais ! Parfois une autre voire deux autres phases vous attendent et vous avez déjà épuisé votre stock de soin notamment. Les morceaux de FIRELINK sont de cette nature : si les titres débutent gentiment puis déversent une rage sans fin, les breaks et autres ruptures mélodiques viennent surprendre l’auditeur. "Beckoning Sun" (sans doute en référence à Astora) manie ce roller coaster émotionnel un peu comme lorsque Lothric, Younger Prince ramène à la vie dans DS3 Lorian et vous attaque conjointement…
Ce n’est que sur "The First Sin" que l’on mesure toute l’étendue de la palette artistique de FIRELINK : vous comprendrez que vous naviguez entre un Black Death Metal jusqu’à du Metal Progressif… laissant finalement planer le doute sur une grosse influence OPETH naturellement. Ce final mes ami(e)s, ce final !

FIRELINK distille ainsi nombres d’influences certes mais également de sonorités récentes et modernes tout au long de cet opus riche et d’une grande beauté comme OUBLIETTE, THE BLACK DAHLIA MURDER, MARE COGNITUM voire du Postcore à la DEVIL SOLD HIS SOUL ("Beckoning Sun").
Ici pas de branlette de manches de 7 cordes : un travail d’orfèvre, des lignes de basses dingues, une batterie également sans reproche. La technique au service d’une ambiance folle, magnifiant un concept assez simple au final mais terriblement réussi.

Vous l’aurez aisément compris : "The Inveterate Fire" délivre une ambiance tellement ambroisiale que vous ne pouvez que succomber à ce Black Metal Mélodique chiadé, d’une beauté rare et d’une ambiance folle.
Ne vous cherchez pas d’excuses : même les noobs peuvent savourer ce divin nectar.

Note réelle : un très gros 4,5/5.

Top : tout !