Après la renaissance du début des années 90, GRAVE DIGGER aura marqué de sa griffe unique l’histoire du Heavy Metal allemand, et même du Metal en général, avec sa trilogie médiévale dont "Excalibur" constitue l’ultime chapitre.

Cet album est considéré par tout un chacun comme la pièce maîtresse de cette fameuse trilogie médiévale. Si si, je l’ai entendu dire (ou je l’ai lu). J’ai lu ou entendu des critiques qui encensaient plutôt un de ses prédécesseurs. Ou qui n’aimaient pas la voix d’ours de l’ami Chris. Cela dit, ça dépend vraiment des préférences de chacun. Parce que d’après moi, "Knights Of The Cross" ne faisait rien de plus que "Tunes Of War", et "Excalibur" n’innove pas plus. Ce qui n’est pas un réel problème, sauf si on critique le fait qu’un groupe fasse à fond ce qu’il sait bien faire, voire très bien faire. Chacun est donc libre de débattre intérieurement avec sa conscience de metalleux plus ou moins endurci pour savoir si les Teutons font de l’auto-plagiat ou si leur génie est de tirer des titres excellents à partir de la même recette.

Pour en revenir aux performances vocales de Chris Boltendahl, j’adhère totalement à son chant. Je ne sais pas s'il est l’initiateur de ce chant guttural, je sais en revanche qu’il a inspiré quelques autres vocalistes de Heavy. À la rigueur, le débat n’est pas là. La seule chose, c’est que les inconditionnels du chant de fillette du Speed auront du mal. Pour tous les autres, je ne vois pas de contre-indication.

Bref, pour en revenir à l’album, ce troisième chapitre médiéval est inspiré, comme son nom l’indique, par la légende des Chevaliers de la Table Ronde. La tracklist est d’ailleurs éloquente sur le sujet. Là encore, l’intérêt porté à ce thème variera selon les goûts, donc je m’abstiendrai d’un quelconque commentaire. À noter également que la pochette est la moins réussie de la trilogie, pas mal réalisée mais un peu « minable », dans le sens où l’artwork est vraiment basique et manque un peu d’ambition. Là n’est pas l’essentiel je vous l’accorde, mais il fallait que ce soit dit.

De là, on peut revenir à la musique proprement dite. Une intro médiévale pour se mettre dans l’ambiance, et on balance la sauce. Cinquante-trois minutes de Heavy musclé, d’hymnes, de riffs de fous furieux et autres banalités du genre. Banalités, parce que j’ai vraiment du mal à percevoir une différence avec les deux albums précédents. La technique des musiciens est à un très haut niveau, la rythmique imparable, les effets vocaux parfaitement calibrés.

Tout est très bon sur cet album, pas de problème de ce côté-là, mais l’ensemble manque de relief. À chaque écoute c’est un très bon moment, un pur bonheur de Heavy, mais il manque vraiment le petit quelque chose en plus qui accrocherait l’attention de l’auditeur.

Au final, l’album me laisse un sentiment mitigé. Je ne suis pas de ceux qui vont bouder un groupe parce que sa recette n’évolue pas, même si j’apprécie par ailleurs la prise de risque. De ce point de vue, GRAVE DIGGER est toujours un monument du heavy à la teutonne, indubitablement, mais j’ai toujours ce sentiment d’inachevé à la fin de chaque écoute… Dommage…