Ceux qui ont suivi mes élucubrations autour d’AEROSMITH comprendront sans problème la sévérité de la note concernant ce double Live de 1998. Pour ceux qui la découvrent avec effarement, je vais tenter de m’expliquer.

En 1998, AEROSMITH n’est clairement plus le même groupe qu’en 1978. Les problèmes de drogue sont loin, Joe Perry ne va pas claquer la porte et surtout, le succès de "Get A Grip" et de ses ballades à propulser la formation de Boston au sommet des charts, la BO de "Armageddon" n’allant pas contester cet état de fait. Et forcément, le public n’est plus tout à fait le même. Si de vieux briscards continuent à suivre Tyler et sa bande, force est de constater que ce ne doit pas être eux qui se manifestent le plus sur les couplets de "Crazy". Les fans sont plus jeunes, peut-être plus mainstream dans leurs goûts, ils consomment ce que les ondes leur proposent. Certains voient plus loin, regardent en arrière, d’autres se nourrissent du buzz présent.

"A Little South Of Sanity" est le premier double Live depuis "Live Bootleg", joyeusement bordélique mais vraiment Rock’N’Roll. Ici, nous sommes face à une formule plus aseptisée. Et c’est d’autant plus dommage que le groupe joue vraiment bien, mais l’interprétation manque quelque peu de folie – ça reste terriblement sage – et surtout, il y a grave trop de ballades. C’est censé être un concert de Rock, mais la playlist a vraiment été conçue pour faire la part belle à ces slows mielleux que les Dupont Volants produisent depuis "Permanent Vacation". Alors avant de vous lancer dans l’aventure, vérifiez bien que votre rendez-vous chez le dentiste n’est pas trop éloigné.

Ça commence pourtant pas si mal avec l’enchaînement "Eat The Rich"/"Love In An Elevator", mais ça se gâte très vite les enfilades de ballades ne vont rien arranger, elles font même retomber l’excitation. Le fait qu’il s’agisse de titres captés un peu partout dans le monde durant les tournées de 1993 et de 1998 n’arrange pas les choses. Plutôt que d’offrir un vrai concert complet, sans dates piochées à droite et à gauche, ce double est un patchwork indigeste qui fait l’impasse sur de nombreux morceaux qui auraient mérité d’y figurer (genre "Pink", "Taste Of India", "Nine Lives" ou même "Fever").

Quitte à proposer quelque chose centré sur la seconde partie de carrière du groupe, autant virer les vieux morceaux et ne proposer que des choses datant de "Permanent Vacation" à "Nine Lives". En effet, le son est trop propre, l’interprétation trop gentillette pour les vieux morceaux (par exemple, la meilleure version de "Back In The Saddle" reste celle présente sur le "Classics Live!", "Sweet Emotion" n’est pas plus motivante que cela, "Dream On" parvient à tirer son épingle du jeu mais… ça fait toujours une ballade de plus).

Bref, "A Little South Of Sanity" est une petite déception pour moi, c’est vraiment la subjectivité qui prend le dessus ici me concernant. Heureusement, les morceaux de "Pump" sont plutôt bien joués ("Janie’s Got A Gun" est vraiment exceptionnelle), mais est-ce que ça compense l’overdose de ballades ? Pas certain…