Avec les années, notre bagage métallique et un brin d'analyse, quand on regarde froidement et bêtement le line-up qui joue sur cet album, il est impensable de prévoir un échec. Même si c'est souvent le cas des all-star band. Sauf que dans ce temps-là, les monstres de SYL n'étaient pas nécessairement au faîte de leur carrière. Chose qui a changé avec ce "City", l'album qui a définitivement sacré Devin, Byron, Jed et Gene au panthéon du Death, du Metal extrême.

"City" a aussi inventé un style, celui de SYL, celui de la colère que peut déployer Devin quand il s'y met. "City", c'est plus que du Death ou de l'Indus, c'est une fusion brutale des deux, mixée avec l'irrévérence du punk. C'est ça qu'on appelle maintenant « Metal Extrême », un sous-genre boosté aux drogues dures pour les fans de défonce ultime.

La première fois qu'on entend "Velvet" et "All Hail The New Flesh", un des duos de départ les plus hallucinants qu'il est possible de trouver, on n'en croit pas nos oreilles. On se demande si on rêve, surtout que "Heavy As A Really Heavy Thing" n'avait pas épaté la galerie. "City" pardonne ces débuts moyens en fixant des standards de qualité pour toutes les formations à venir. Si son album-éponyme peut prétendre s'en approcher, rarement aura-t-on entendu de musique aussi jouissive et malade en même temps. Des pièces comme "Oh My Fucking God" sont de la haine pure, du défoulement mental et technique rarement égalé.

Il flotte sur cet album un vrai déni existentiel, une vraie robotisation des mœurs. "City" est un doigt d'honneur à tout ce qu'on prend encore pour acquis aujourd'hui : notre confort éphémère. Devin et ses comparses se sont assurés qu'on ne dorme pas tranquille à l'écoute de "City".