"Killing Is My Business…And Business Is Good!" était un mollard bien verdâtre craché à la gueule de ses anciens comparses. Brûlot Punk empli de haine, il faisait feu de tout bois, au détriment de la qualité intrinsèque des compos. La marche franchie seulement un an plus tard est d’autant plus remarquable. La colère s’est muée en rancoeur, la temporalité de la vengeance est passée sur un temps plus long et MEGADETH ralentit déjà le tempo, à l’instar de qui vous savez.

L'écriture se fait plus maîtrisée et l'impact des pistes n’en est que plus puissant. La maestria dans l’agencement des parties rythmique (réécoutez "The Conjuring") des titres est assez bluffante, surtout si l’on compare à l’essai de 1985 et l’album contient une palanquée de chansons intemporelles ("Wake Up Dead", "The Conjuring", "Peace Sells…But Who’s Buying?"). À propos du title-track, tout a déjà été dit ou presque, je me contenterai de me joindre à l’avis général considérant la piste comme l’une des plus brillante qui soit en matière de Heavy/Thrash. Car MEGADETH n’a pas commencé à faire du Heavy avec “Countdown To Extinction”, soyons-en ici conscient. Mustaine peut se permettre de chanter faux, osef vu la qualité de la construction, des soli et de cette PUTAIN de basse de Junior (également bien affûtée sur “Devils Island”). Grâce soit rendue à ce dernier, cousin américain de Benjamin Grivaux, parti trop vite (deux fois…).

Poland et Samuelson signent là leur dernière participation (*) à l'œuvre de Megadave, mais je fais partie de ceux qui s’en foutent un peu. Les plans jazzy tant mis en avant ne me sautent pas aux feuilles et pour moi, le line-up classique c’est Menza/Friedman/Mustane/Ellefson, point barre. En revanche, il faut admettre que ça tournait bien comme ça, même si le jeu de Samuelson me paraît un brin académique (ça veut dire chiant en langage kolesque), surtout quand on pense à ce que faisaient Lars, Lombardo ou Benante à l’époque. Y’avait la place de faire mieux il me semble. Dave les virera sans ménagement juste après la sortie du skeud, prétextant un abus de substances illicites. Mouarf, la bonne blague !

Tout ça pour dire que je suis plutôt de la team Mefisto sur ce coup. Si brillant soit-il par moment, "Peace Sells…But Who’s Buying?" ne tient pas totalement la durée et n’atteint pas cette perfection méritant les cinq étoiles, quand bien même il a le bon goût de se clore sur "My Last Words", l’une des chansons les plus sous-estimées du catalogue de la formation. Même Ulrich la considère comme l’un des meilleurs titres jamais écrit par Mustaine, si ça c’est pas un signe ! Bon, ok, il considère aussi que "Lulu" est un grand album… Si cette énième chronique peut servir à quelque-chose compte-tenu de la notoriété déjà bien établie de ce disque passé à la postérité, autant que ce soit à la re-découvrir, si cachée soit-elle en fin de galette après les classiques entendus maintes et maintes fois.

(*) Vrai et pas totalement vrai, petit coquinou que je suis, il participe en effet à l’enregistrement du poussif “The System Has Failed”, en 2004.