2004 a été une grande année pour le Heavy et particulièrement pour la scène française. HEAVENLY a dépassé tous les pronostics avec "Dust To Dust", MALEDICTION s'est métamorphosé en un sublime "Esclave Du Vice" et les vétérans de KILLERS délivrent un Live monstrueux, digne de figurer parmi les dix meilleurs de la décennie.

C'est aussi cette année-là que le groupe mené par Bruno Ramos et l'ex-KILLERS François Merle accouche de son chef d'œuvre. La formation lancée en 1997 avait déjà affiché une belle progression entre "Signe De Vie" et son premier album. Ce qu'on ne savait pas c'est que les Palois s'avèreraient capables de le dépasser de la tête et des épaules avec "D'Un Autre Sang" ! MANIGANCE rentre ici dans son âge d'or et immortalisera avec bon goût la tournée de promotion de ce deuxième album studio.

Les riffs sont costauds, incroyablement variés, si bien que les claviers sont un poil en recul par rapport à "Ange Ou Démon". Mais ce n'est pas grave car les mélodies sont toujours reines et ce disque est sans conteste le plus speed de la carrière des Béarnais. Le chant de Didier Delsaux est mature, habitant avec une fougue peu commune ses textes, une nouvelle fois particulièrement bien troussés ("Empire Virtuel"). J'ai découvert ce disque (et le groupe) avec "Héritier" qui permet d'apprécier la parfaite interdépendance de chaque élément de la musique de MANIGANCE, notamment au niveau des guitares, jamais monolithiques. S'y côtoient avec bonheur riffs inspirés du Hard Rock des eighties, riffs speed à la Malmsteen et sens mélodique à la PRETTY MAIDS, sans doute la formation la plus à même de reproduire cette subtile mixture à laquelle les Français aiment injecter un soupçon de Prog. Il faut à cet égard souligner l'épatant travail de Daniel Pouylau à la batterie, dont la flamboyance du jeu manquera au groupe après son départ en 2012.

Mais pour l'instant, MANIGANCE vit son apogée (prolongé par le superbe "L'Ombre Et La Lumière") et "D'Un Autre Sang" est une usine à tubes, dénuée de faiblesses, les refrains étant tous plus accrocheurs les uns que les autres, qu'il soient Hard ("Mourir En Héros", "Hors-La-Loi") ou en forme d'hymnes ("Empire Virtuel", "D'Un Autre Sang") et parvient à livrer une power-ballade plus aboutie que "Fleurs Du Mal" avec "La Mort Dans L'Âme". S'il y a un album de Heavy chanté dans notre langue à écouter en priorité c'est sans conteste celui-ci, et n'en déplaise aux puristes, SORTILÈGE a désormais cédé son trône, et il était temps.