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2023 1 Umbra

GÉVAUDAN - Umbra (2023)
Par KOL le 18 Mars 2024          Consultée 1616 fois

Si je n’ai jamais voué un véritable culte à BLACK SABBATH, faute de profonde mélodicité, je n’en demeure pas moins conscient et respectueux de leur statu(e/t) de pères fondateurs du Heavy Metal, et plus encore du Doom, qu’ils ont forgé de leurs propres mains, ce qui est d’autant plus fort qu’ils n’étaient pas en possession de tous leurs doigts, à l’aube des années 70s. Poussant le curseur de la pesanteur bien au-delà de leurs contemporains de LED ZEP ou de DEEP PURPLE. "Eternal Hail" donc à Ozzy, Iommi, Butler et Ward pour avoir su engendrer tout un pan de la musique que j’écoute encore de nos jours, plus de cinquante ans après. Malgré tout, je reviens rarement à la source, y trouvant un côté monolithique un peu rébarbatif, notamment sur les premiers disques mythiques du combo de Birmingham.

Le fleuve Doom a depuis généré de nombreux affluents, mâtinant son génome avec d’autres sous-genres, qu’il s’agisse du Death, du Stoner, du Psyché old school, parfois pour le meilleur, tant le style dans sa plus pure expression peut avoir tendance à lasser, surtout en absence de Thc. On a vu également émerger des MESSA, interprétés par des voix féminines apportant une dimension éthérée au rythme pachydermique proposé. Mais la formation qui nous intéresse ici n’en a cure. Elle fait du Doom. Point. Sans chichi ni flonflon, du bon vieux Doom à l’ancienne. Et si vous ne me croyez pas, jetez donc une oreille à la tracklist placée à droite de cette bafouille : une piste unique pour quarante-trois minutes au compteur, on ne peut pas faire plus Doomesque.

Originaires de Hertfordshire en Angleterre, GEVAUDAN sort ici son second LP depuis sa création en 2013. Le quartette articulé autour d’Adam Pirmohamed au micro va puiser son inspiration auprès des racines du genre et nous assène un "Umbra" de bonne facture, qu’il aurait également pu diviser en plusieurs titres, tant la chanson regorge de parties suffisamment distinctes et intéressantes. Malgré l’appréhension qui vous saisira sans doute à la vue de ces lignes, vous pouvez franchement y aller sans retenue : à aucun moment l’ennui ne vous gagnera. Plus aguicheuse encore, l’œuvre se montre particulièrement immersive et parvient à se renouveler, minute après minute, pour donner envie d’y retourner, une fois la fin de la galette survenue.

Il convient reconnaître que "Umbra" est particulièrement bien pensé dans l’intégralité de l’expérience proposée. De la pochette envoûtante à la progression musicale, rien n’est laissé au hasard et les Britanniques y démontrent un savoir-faire sincère dans la maîtrise du rythme et de l’intensité proposé. Si bien évidement, les fondements reposent sur une section basse-batterie irréprochable de justesse et de lourdeur, faisant office de piste de décollage idéale pour lancer les saillies guitaristiques enjôlantes, comme le chant d’Adam.

Un brin déstabilisant au départ, il faudra à l’auditeur un peu de temps pour l’apprécier à sa juste valeur, son arrivée brisant quelque peu la transe concoctée par les musiciens. Je dois avouer que je n’aurais pas été contre un petit growl pour ma part, mais ce n’est clairement pas le propos de GEVAUDAN, qui officie dans un classicisme parfois confondant. Rien de rédhibitoire cependant, cette sensation s’estompera au cours de l’opus, pris par le flow musical, qui balance efficacement les passages les plus calmes avec ceux plus intenses. On en viendra même à lui trouver un certain charme.

Au passage, malgré la consistance de l’ensemble, les moments planants tendent tout de même à s’étirer quelque peu au-delà du raisonnable, malgré des arrangements de qualité. Fort heureusement, Bruce Hamilton assure très correctement à la gratte, et l’on en vient à attendre avec impatience ses interventions, apportant un relief bienvenu et quelques aigus dans un ensemble par définition bien grave. Là où la plupart des groupes de Doom brillent principalement au travers de leur section rythmique, et sans vouloir dénigrer de quelque façon que ce soit le boulot du duo Salt/Himbury, le facteur X de ce "Umbra" réside clairement dans ses leads de guitares, inspirés et le plus souvent enflammés, qui nous réservent quelques moments épiques savoureux.

L’arrivée d’un piano autour des trente-trois minutes est une nouvelle démonstration de la qualité de l’écriture et de la recherche mélodique dont fait preuve GEVAUDAN, qui, sans renier l’académisme qui lui sied, ouvre quelque peu ses chakras afin d’enrichir une formule qui pourrait paraître de premier abord austère au commun des lecteurs. Elle lance parfaitement le dernier acte de cette lente procession complaintive, à mon sens le plus réussi car le plus chargé en émotions du fait notamment de vocaux plus appuyés (on les aura attendus, ceux-ci !).

"Umbra" est un bon album de Doom, qui ne redéfinira pas le genre – soyons clairs – mais qui saura procurer un plaisir sincère aux amateurs du genre. Suffisamment pour émerger à mes yeux d’une production le plus souvent relativement homogène, mais également impersonnelle.

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   (2 chroniques)



- Andy Salt (basse)
- David Himbury (batterie)
- Bruce Hamilton (guitare)
- Adam Pirmohamed (chant)


1. Umbra



             



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