Alors que tout le monde s'est enthousiasmé à juste titre, à l'écoute d'un « Brave New World » vaillant et conquérant qui voyait le retour d'un Bruce Dickinson en pleine forme au sein de la vierge de fer, la suite s'est avérée bien décevante. « Dance Of Death », « The Final Frontier » et « A Matter Of life And Death » étant des opus assez représentatifs d'un groupe à bout de souffle, proposant donc des choses plus que poussives, jusqu'à se caricaturer lui-même...

Tout le monde sait qu'un nouvel album d'IRON MAIDEN se déguste et s'apprécie avec le temps, point de doute là-dessus. Un groupe de cet acabit qui propose un nouvel album nécessite de la patience, de la curiosité, d'une écoute répétitive martelée jusqu'à plus soif pour s'en faire une idée définitive. Nous connaissons tous les schémas de composition, le jeu de ses membres, leur implication. Tout cela pèse lourd dans le sac à dos qu'on transporte mais qu'importe, nous sommes déjà ravis d'emblée d'entendre du son neuf. Sauf que là franchement, le gaz n'est pas présent à tous les étages.
Mon Dieu que c'est lourd, un double album pour un groupe qui a presque 40 ans de carrière, c'est très présomptueux après tant de classiques et tant de déceptions inhérentes à l'avancée dans l'âge.

« The Book Of Souls » est donc la dernière offrande d'IRON MAIDEN... Laborieuse, longue, mal produite, mal mixée, pas foncièrement mal écrite, mais d'un rendu faible, ou chacun des titres y va de son allant épique, progressif sans qu'à aucun moment, l'auditeur n'ait le frisson tant attendu.
« Speed Of Light » fait l'effet d'un single presque efficace, parce que déjà entendu maintes fois depuis 2000, mais tellement pénible à l'accoutumée qu'il en devient vite fatiguant. Oh là là, critiquer ce groupe relève de l'insulte à son égard de nos jours. Ben non, l'album n'est juste pas très bon, et ce n'est pas la pièce maîtresse de M. Dickinson, « Empire Of The Clouds », fade, besogneuse mais qui ne dégage absolument rien si ce n'est un ennui certain qui viendra taire ce sentiment. N'est pas « The Loneliness Of The Long Distance Runner » qui veut, désolé Bruce, c'est raté...

On peut distinguer de la qualité, un engouement pour certains morceaux tels que « When The River Runs Deep », brut de décoffrage, mais cela ne durera que quelques minutes seulement. Alors oui, les musiciens jouent comme toujours avec conviction, mais les compositions ne suivent malheureusement pas. Tout cela sonne quelque peu téléphoné et les soli de de Gers, Murray et Smith ne sont à aucun moment mémorisables, quand ils n'empiètent pas de façon nuisible à la trame d'un titre qui aurait pu être bon. Les gars sont vieux, et ce n'est pas forcément une mauvaise chose de prendre de l'âge, mais force est de constater qu'il vaut mieux prendre son temps avec une carrière conséquente derrière soi. Nicko Mc Brain est un peu aux fraises sur certains titres, et « Shadow Of The Valley » en fait partie. Et puis on sait exactement où seront placés les soli, sauf qu'un solo ne peut qu'aboutir à l'orgasme auditif que lorsque la chanson en elle-même l'y amène. Là, franchement, c'est l'ennui total, des « Oh oh oh »  assez grandiloquents parsèment ce disque boursouflé de prétention toute britannique, qui au final est juste un album de plus à comptabiliser au palmarès d'un groupe qui a vu offrir au Heavy-Métal ses meilleures heures en son temps, mais qui aujourd'hui ne procure plus aucune émotion réelle à l'amateur de frissons « Métalliens ».

Les soli fusent, la voix de Dickinson est intacte, la basse de Steve Harris aussi, sauf que les compositions leur font défaut. « Death Or Glory » finit de m'achever. On est toujours trop bienveillant à l'égard des groupes qui nous ont construit, mais ce n'est pas mon cas.

Les titres épiques sonnent comme de mauvaises ritournelles à mon oreille, et les plus radicaux résonnent comme de mauvais singles, poussifs et plats. A la retraite les gars !!!