Fact n°1 : Nombre d'entre-nous ne donnaient pas cher de la peau de LINKIN PARK après le suicide de Bennington.

Fact n°2 : Nombre d'entre-nous ne donnaient toujours pas cher de la peau de LINKIN PARK après leur retour avec l'intégration d’Emily Armstrong, leurs dernières productions augurant indéniablement un avenir artistique aussi funeste que celui du frontman précédemment cité.

Fact n°3 : Bon, avouons-le aussi, nombre de trues n'en ont rien à cirer de LINKIN PARK.

C'est avec cette mentalité d’étriqué d'esprit que j'entrepris l'écoute de "From Zero" : avec la plus grande nonchalance, non pas par haine du combo californien (impossible de renier leur apport à ma construction musicale), mais plutôt par défaitisme et avec une once de circonspection. Car à l’instar d’une masse d'anciens ados Neo-metalleux, Chester est irremplaçable.

L'album est court, peut-être qu'ainsi la torture sera moins longue s’il est mauvais. L’introduction éponyme démarre sur une note faussement roots, mêlant fragments sonores d’enregistrements studio pour jouer la carte de l’authenticité brute, surfant prévisiblement - et littéralement - sur l'héritage des débuts de LP. Bref, l'album commence enfin, et là… C'est la surprise totale.

Les titres tiennent indécemment la route, et piochent habilement dans les points forts de la discographie du sextet : il n'y a pas que des appels du pied maladroits à "Hybrid Theory" ou à "Meteora", la galette recèle d’airs à la "Minutes To Midnight" ou de la Pop bien dosée comme elle avait été effleurée sur "One More Light". Les égarements passés sont laissés au placard, LP ne s’autorise plus aucune facilité, car elle n’a plus sa place. La clémence des fans de la première heure, déjà mise à rude épreuve, n’était de toute manière plus une option.

Bien que je trouvasse le chant d’Armstrong de prime abord comme une sorte d'ersatz de celui de Chester pour coller à l’image du défunt Californien, l’écoute de titres comme "Stained" ou le superbe "Good Things Go" me firent réviser mon jugement. La nouvelle protagoniste trouve son propre timbre et sa propre personnalité, au point où elle devrait encore davantage en jouer sur les titres Pop où sa voix claire, puissante et sincère, propulse les titres vers le meilleur. Sa dualité avec Shinoda n’a rien à envier à celle qu’il entretenait avec Bennington. Même si ses parties rappées me paraissent toujours aussi soporifiques, je sais qu’elles trouvent leur public, donc pas de jugement à cet égard.

L’équilibre entre les influences Metal et Pop de l’album est une réussite. "From Zero" parvient à assumer chacune de ces facettes, sachant être émouvant sur "Good Things Go", comme ultra agressif sur "IGYEIH", une fois de plus grâce au scream écorché d’Armstrong, et à une instru qui assure ses arrières sans faille. Là où je voyais les promotionnels "Heavy Is The Crown" et "The Emptiness Machine" comme des effets d’annonces où tous les chevaux auraient été lâchés, il n’en est rien, et "FZ" est un concentré de ce que LP a su faire de meilleur.
Et peut-être, maintenant, devrions-nous parler de ce que LINKIN PARK sait encore faire de meilleur.

Je n’attendais rien. Et c’est bien là que le groupe a frappé fort. Bravo messieurs. Et madame.

Morceaux préférés : "Good Things Go", "IGYEIH", "Heavy Is The Crown".