Boîtes à rythmes programmées pour une rave plus glauque que funny, riffs nébuleux s’érigeant en mur sonore, éclats vocaux glacials et arrachés et ambiance de fin du monde, l’album culte de MYSTIFIER n’a finalement pas tant que cela souffert du temps passé. Les allergiques de ce Black Indus continueront à passer volontiers leur chemin, les autres accepteront cette forme de maltraitance musicale ainsi que les approximations inhérentes aux expérimentations de Norvégiens.

En 1993, à l’écoute de leur démo "Medusa’s Tears", alors qu’il conduisait à Bergen pour aller enregistrer le fameux "De Mysteriis Dom Sathanas", Euronymous avait décidé de signer MYSTICUM avec le label qu’il avait créé : Deathlike Silence Productions. L’album qui devait sortir devait initialement s’intituler "Where Ravens Flies". Avec les évènements que l’on sait, MYSTICUM a été contraint de chercher un autre label, et c’est Full Moon Productions qui s’y colla.
Pourtant, quelques mois avant la sortie de "In The Streams Of Inferno", le trio norvégien accueille Hellhammer de MAYHEM et entame de fructueuses répétitions. Seulement, une partie du groupe voit d’un très mauvais œil son acoquinement avec Cerastes (le chanteur et guitariste du groupe), plus enclin à consommer des drogues qu’à peaufiner son jeu.

La batterie synthétique sera donc choisie pour écarter Hellhammer et servira/desservira le groupe, c’est selon. Imaginez un peu si Euronymous n’avait pas été tué et que MYSTICUM avait pu signer sur son label… Son destin aurait pu être tout autre. Si MYSTICUM n’a pas pu produire énormément d’albums, c’est aussi parce que Cerastes eut, pendant un nombre conséquent d’années, une consommation abusive de diverses substances.

Pour en revenir à l’album, je dirai que, n’étant pas le plus friand de ces beats mécaniques et froids, j’ai parfois éconduit l’album un peu trop vite en besogne, mais je dois lui reconnaître son aspect visionnaire et avant-gardiste. "In The Streams Of Inferno" va influencer tout un pan du Black Metal et annonce également les futures expérimentations de The KOVENANT, de DØDHEIMSGARD, de MANES, ou, plus proche de nous, de BLACKLODGE.

Plus inspiré encore que ABRUPTUM ou THORNS, MYSTICUM développe au sein de ce premier album un son révolutionnaire et sacrément hypnotique ("Wintermass", "Where The Raven Flies") et fonde ce que l’on ne nomme pas encore le Black Metal industriel. Mention spéciale au titre "Let The Kingdom Come" que je trouve exceptionnel.