Quand AIRBOURNE déboula plein gaz de son bush australien en 2007 avec ce "Runnin’ Wild", rares sont ceux qui auraient pensé les voir finir en tête d’affiche de festoche quinze ans plus tard. La formule paraissait trop simple, voire simpliste, pour motiver les foules avinées, malgré une efficacité redoutable. Proposer du AC/DC sous stéroïdes ne relève pas d’une grande originalité, j’en conviens aisément. Et pourtant…

Pourtant, c’est bien ce qu’il s’est passé. Pour avoir eu le privilège (ou le flair) d’assister à la prestation live enflammée au Trabendo de Paris à l’occasion de leur première tournée européenne, le cochon était déjà bien dans le maïs. Une énergie folle, pied au plancher de la première à la dernière minute, des riffs basiques mais diablement bien exécutés, tous les potards étaient poussés à onze comme le veut la tradition, incluant la désormais célèbre "explosion de canette de bière sur la tronche" ainsi que deux/trois tours dans le public, l’Explorer blanche en bandoulière, à défaut de génétique.

Loin d’être un plagiat mais plutôt un hommage sincère aux pères fondateurs, le leader Joel O’Keefe (sorte de mix entre Angus Young et Bon Scott) expliquait à l’époque qu’il n’avait qu’une seule cassette à la maison étant jeune (spoiler : AC/DC), et qu’elle tournait donc en boucle chez eux (oui, le frangin Ryan officie derrière les fûts, un autre point en commun avec qui vous savez). Pas étonnant que leur musique ressemble donc à la seule chose qu’ils écoutaient étant gosses. Et si les légendes ont bien ralenti le tempo depuis vingt ans, leurs rejetons ont pour leur part décidé de l’accélérer. Et pas qu’un peu.

C’est simple, l’album regorge de tubes, à blaster bien fort dans sa caisse. Ça commence dès la première seconde et se termine à la dernière. Les textes assument un premier degré réel, non sans un certain humour, le plus souvent graveleux. De "Diamond In The Rough" expliquant comment trouver le diamant dans les broussailles (je vous laisse réfléchir au sens de cette métaphore si gracieuse) à "Cheap Wine", ("Cheap Wine, cheaper women"), les onze pistes respirent d’un vieux Hard Rock à l’ancienne, grivois et sans prise de tête aucune.

Incroyablement rafraichissant, "Runnin’ Wild" est un concentré de bonne humeur et d’ondes positives comme on en trouve peu, agrémenté d’un véritable sens de l’écriture, du riffing aux chorus ultra fédérateurs, à chanter sous la douche ou à beugler pinte à la main devant une scène. Adoubés par Saint Lemmy himself, qui fait d’ailleurs une apparition savoureuse dans le clip de titre éponyme, AIRBOURNE réussit ici une entrée fracassante ô combien méritée dans la cour des grands, avec une formule pourtant ultra-basique. La marque des champions pour l’un des meilleurs albums de Hard Rock des années 2000, tout simplement.

Note réelle : 4,5/5.