DVNE a réussi à faire parler la poudre rapidement après sa création, notamment à travers son époustouflant album "Etenem Ænka" sorti en 2021 gagnant les faveurs d’un public large et lui permettant d’embrasser une aura internationale bien méritée. Marchant sur les pas d’un MASTODON désormais à bout de souffle, DVNE préfigure même d’en être les dignes héritiers voire les futurs rois. Quintet originaire d’Écosse, notons – cocorico oblige – la présence essentielle de Victor Vicart au chant clair, aux guitares ainsi et ce depuis le début du groupe, et celle de Maxime Keller aux claviers. Alors lorsque s’avance ce nouvel album "Voidkind" à la cover classieuse, nul doute que les sens de bon nombre de gens sont aux aguets.

Dans les traverses d’un Sludge aux motifs mélodiques exigeants parfois teintés d’éléments plus Post – que ISIS au doux temps de "Oceanic" et de "Panopticon" avait initié – DVNE nous dévoile au sein de ce nouvel album des sonorités tout aussi agressives que doucereuses. La doublure du chant, impeccablement growlé de Dan Barter avec celle de Victor Vicart au chant clair, oriente cette alternance qui penche tout de même davantage vers le lyrisme de Victor. Avec ces textures Stoner, "Voidkind" développe tout autant que sur "Etenem Ænka" des lignes mélodiques progressives d’un Sludge mélodique et atmosphérique. Et c’est un peu cela la marque de fabrique de DVNE. Développant beaucoup d’espaces sonores et diversifiant les ambiances au sein de ces compositions, l’aspect émotionnel est prégnant et paraît s’incliner encore plus fortement que sur l’album de 2021.

La technique instrumentale est impeccable tout comme la production, et je dois dire qu’entre la sortie du dernier IN VAIN et celui-ci, mon cœur balance bien plus vers notre combo franco-écossais. Des titres tels que le sublime "Eleonora", ou le puissant et agressif "Reliquary" nous proposent bien plus à manger et abordent avec plus d’audace et de risque des territoires soniques ingénieux. Si je ne suis pas le plus fan de chant clair, je dois dire que je ne reste pas allergique à celui de Victor qui, sans être exceptionnel, se drape de belles émotions. Même son chant hurlé (le growl le plus aigu comparativement à celui de Dan) reste impactant et bien tenu. Rien à redire du côté des autres instruments, en particulier concernant le batteur qui jouit d’un son très bien produit, sa démonstration technique envoie du lourd et marque inévitablement la rythmique d’une manière infernale.

Si l’on prend un peu de hauteur, force est de constater que cet album fera date dans la discographie de DVNE. "Voidkind" affirme la direction du groupe vers un horizon à la fois plus Hardcore (comme sur le titre coléreux "Abode Of The Perfect Soul" - incroyable de justesse agressive pour le headbang soit dit en passant…), mais aussi un virage moins sludgy et davantage easy listening dans une approche disons plus Post ("Reaching For Telos", "Plērōma"). Cet album plaira donc aux deux franges du public : ceux qui sont animés par la soif de brutalité et ceux qui recherchent la lumière. DVNE se métamorphose de plus en plus et devient un fer de lance d’un Sludge Prog fort bien composé et inspiré. Je sais pour ma part de quel bord je penche mais je ne peux présumer du vôtre. C’est pour cela aussi que j’ai une légère préférence pour "Etenem Ænka", et que j’accorde à ce nouvel album une note un poil inférieure.

Je reste donc attentif à la suite prometteuse de ce groupe promis à un avenir radieux. "Voidkind" est une belle leçon. Celle qu’il faut croire en soi, et se laisser guider sur le seul chemin que l’on aborde. En adoptant une technique sans faille, et un amour passionné de la musique, l’on arrive toujours à toucher du doigt la virtuosité. DVNE est déjà grand, mûr et le restera !

Note réelle : 3,5/5.