On parle souvent du troisième album comme d’un cap à passer. Dans le cas de DVNE, la tâche n’est pas aisée, les deux précédents albums étant des pépites à ne surtout pas négliger, "Etemen Ӕnka" ayant brillé de mille feux grâce à une distribution et une promotion décente via Metal Blade Records. Ce disque avait été un coup de massue pour de nombreuses personnes qui découvraient alors la formation franco-écossaise et son seul défaut, au final, aura été de placer la barre très haut, condamnant peu ou prou la formation à batailler toute sa carrière pour retrouver un tel niveau.

Cependant, "Voidkind" ne démérite pas. Il reprend les affaires là où les musiciens les avaient laissées, sur les derniers souffles de "Satuya". Nous retrouvons donc cette faculté à passer des moments de pure brutalité à des passages plus calmes, plus atmosphériques, pour ne pas dire oniriques. La dualité des voix est aussi exemplaire que cette confrontation entre le calme et la tempête. Victor Vicart n’a peut-être pas la plus belle des voix claires, mais il sait très bien s’en servir et ses interventions font un joli contrepoids au growl menaçant de Dan Barter, qui n’est pas du genre à faire dans la demi-mesure.

Il est tellement facile de se laisser perdre dans la musique de DVNE que cela en devient presque indécent. Que ce soit au travers des motifs rythmiques parfois atypiques (le jeu de Dudley Tate n’est pas forcément des plus simples à appréhender, ses coups de cymbales semblent parfois venir du centre de ce maelström sonore) ou au travers l’exubérance de guitares dressant de véritables murs de son, ou bien encore via les chants qui se marient pour le meilleur, il y a toujours quelque chose qui vient vous flatter l’oreille ou au pire, la titiller suffisamment pour provoquer la curiosité. Un clavier discret, tenu par Maxime Keller, le deuxième frenchy du groupe vient rajouter de l’ampleur à tout cela.

Aux motifs mélodiques se dispute donc une brutalité qui est toujours présente, à l’affût, attendant le meilleur moment pour nous prendre à la gorge. Si parfois nous pouvons nous y attendre, elle sait également nous prendre par surprise afin de nous bousculer un bon coup. "Voidkind" est un album tout en intensité. Même quand la musique se veut plus atmosphérique, la tension ne disparait pas pour autant, le climat reste très électrique car nous savons que l’explosion tellurique n’est jamais loin. Qui plus est, les musiciens aiment construire, tricoter des morceaux pas forcément faciles d’accès, mais qui ont une espèce de résonnance, comme ce qu’avait pu faire GOJIRA sur "From Mars To Sirius" dans un genre sensiblement différent.

Les dernières notes du magnifique "Cobalt Sun Necropolis" se perdent dans le silence qui reprend ses droits et nous pouvons nous remettre doucement d’une belle mandale administrée à nouveau par le groupe. Après, l’effet est peut-être moindre, "Etemen Ӕnka" avait bénéficié d’un effet de surprise que "Voidkind" ne possède plus, mais ce disque ne démérite pas pour autant. C’est encore du grand art qui nous est présenté là de la part de DVNE qui décidément ne semble pas se reposer sur ses lauriers.