Voilà bientôt près de quarante ans que Lars et James ont piqué le bol de chocapic de Dave, le rendant par la même tout aigri et en colère pour le reste de ses jours. Et l’on s’est TOUS posé la question : que serait-il advenu si l’arrogant rouquemoute était resté auprès des Mets ? Une sorte de « What If » marvelesque, qui n’a à mes yeux que peu de sens. Au mieux, METALLICA aurait fait une GUNS, pondant trois grands albums avant de splitter avec perte et fracas, pour mieux revenir sur des tournées lucratives un brin désespérantes. Mais les Four Horsemen les ont quand même sortis, ces trois perles, voir même un peu plus, donc on n’a rien raté de ce côté-là. Et entre-temps, de l’autre côté, Megadave & Co. nous ont offert de nombreuses pièces d’anthologie pour lesquelles j’ai toujours eu un petit faible. Le charme de l’outsider ou la prétention du chroniqueur ? Sans doute un peu des deux. Mais alors que les dieux du stade nous pondent un "72 Seasons" sans saveur, MEGADETH continue d’enquiller les albums solides. Six ans après un "Dystopia" séduisant quoiqu’inconstant, Mustaine revient en grandes pompes avec "The Sick, The Dying… And The Dead!".

Seizième opus (!) pour la bande à Dave, qui s’est débarrassé pour l’occasion de Junior pour une sombre histoire digne de Benjamin Griveaux (petit ange parti trop vite), le disque figure selon moi dans le haut du panier de la loooooongue disco du combo. Pour tout vous avouer mes amis, je pense même qu’il s’agit de mon préféré depuis "Cryptic Writings", soit pas moins de vingt-cinq ans après, rien que cela ! MEGADETH y retrouve par instant la hargne Thrash de ses débuts et du vice dans le riffing, que l’on n’avait pas vu de manière aussi consistante sur les galettes précédentes. Le chant est maîtrisé, les soli, moins immédiats que ceux de nombre de gratteux passés par ce siège ô combien éjectable, sont néanmoins recherchés et mordants, et Verbeuren fait un boulot monstre derrière les fûts, insistant dans le sillon moderne initié par Adler sur l’album précédent.

"The Sick, The Dying… And The Dead!" compte ainsi une pelletée de très bons morceaux, inspirés et remarquablement écrits pour la plupart, incisifs en diable, des ruptures de rythme qui nous sont chères, des leads labellisés Mustaine, et une vitesse d’exécution qui sur certaines pistes fleure bon les années 80. Et comme la tradition à l’époque était d’inclure des reprises, on a même le droit d’entendre une cover des DEAD KENNEDYS, "Police Truck" en hommage à une formation citée maintes et maintes fois en exemple par notre rouquin préféré. À noter qu’à l’époque du projet MD.45, l’ami David comptait faire chanter Jello Biafra sur l’opus…

Alors oui, cette cuvée 2022 n’est pas exempte de tout reproche. Déjà, elle contient un petit bidon tout mou au milieu, mais après tout c’est à l’image de l’âge de ses géniteurs. On ne lui en tiendra pas d’avantage rigueur. Et puis cette production est assez old-school. Cela plaira à la plupart des amateurs de vestes à patch. Pour ma part, ponçant énormément de Metal extrême ces derniers temps, le résultat manque quelque peu de puissance dans l’agression sonore. Rien de rédhibitoire évidemment, mais j’aurais apprécié de sentir un peu plus passer le souffle de la roquette.

Note réelle : un très gros 3,5/5.