Il faut avoir le cœur bien accroché pour suivre les tribulations de NILE, qu’il s’agisse de leur instabilité de line-up ou de leur vision du Death. Nous ne sommes qu’au troisième album, et voilà que Sanders est désormais le seul membre originel du groupe… En effet, Spires et Hammoura se sont cassés pour les différends artistiques et personnels que l’on ne connaît que trop bien pour être remplacés respectivement par Jon Vesano (non crédité sur "ITDS") et Tony Laureano (ex-ANGELCORPSE qui ne fera pas long feu non plus par la suite). Ainsi, le nouveau trio Sanders/Toler-Wade/Laureano, de par ses influences, vient de nouveau impacter le style de NILE, le faisant migrer vers une approche de nettement plus Brutal(e), pour ne point m’en déplaire (si l’on compare au précédent effort).

La mise en scène reste théâtrale, parsemée de nombreux interludes planants aux sonorités égyptiennes régaliennes, tranchant violemment avec des titres d’une agressivité inouïe, qu’elle qu’en soit leur longueur (du classique "Churning The Maelstrom", à l’interminable edging de "Unas, Slayer Of The Gods", ou de l’excellentissime "Kheftiu Asar Butchiu"). NILE semble jouer sa partition en même temps qu’il l’écrit, mais l’expérience des deux engeances passées couplée au surpassement de soi propulse l’album et force le respect : ses fulgurances, nombreuses, soufflent l’auditeur comme le khamsin fouette les ziggourats.

Quelques bizarreries sont toutefois à déplorer, comme l’outro inqualifiable, si ce n’est de peu inspirée, de "Invocation To Seditious Heresy", tout comme les deux titres s’ensuivent, délaissant totalement les assauts incisifs qui nous étaient assénés depuis près de cinquante minutes auparavant.

Ainsi, "In Their Darkened Shrines" est un poil longuet, volontairement inégal dans sa structure avec une juxtaposition sans transitions d’ambiances asseyant encore et toujours l’aspect cryptique propre à NILE, mais dont l'enchevêtrement finit par lasser… Surtout en bout de course. En demeure malgré tout un effort plus abouti, encore plus ambitieux, et surtout bien plus léché que "Black Seeds Of Vengeance".

Note réelle : 3,5/5.

Morceaux préférés : "Kheftiu Asar Butchiu", "Unas, Slayer Of The Gods", "Churning The Maelstrom".