Il s’agit tellement d’un évènement que… personne n’y a vraiment cru !

Oui messieurs, dames, il s’agit bien de la première sortie nouveauté du groupe depuis plus de quinze longues et interminables années ! C’est bien simple, nous avions tous perdu toute forme d’espoir de revoir ces quatre artistes enfanter la moindre note ensemble. Le hiatus annoncé par Daron (2006/2010) avait à l’époque placé les fans que nous étions dans une torpeur logique : combien de groupes n’étaient jamais revenus après une telle annonce ?
Entre 2010 et 2015, le groupe a repris des tournées mondiales et laisse planer l’espoir/le doute d’un sixième album studio attendu par la fanbase… Il n’est pas question de revenir sur l’état actuel du groupe : les relations entre les différents membres sont délicates et complexes. Serj demeure très engagé, John s’est brouillé avec les autres en soutenant Trump (même si Daron et John sont beaux-frères)… Mais c’est surtout les divergences nombreuses entre Daron et Serj qui demeurent officiellement le frein à toute l’entreprise, a priori.

Vous comprendrez ainsi mieux le véritable séisme à l’annonce de la sortie de ce deux titres en novembre 2020, au coeur d’une pandémie qui vient de mettre une fois encore à mal une tournée de reformation. Les deux titres, fortement engagés, n’ont malheureusement pas pu être véritablement défendus sur scène. Ils sont l’oeuvre de Daron dont on reconnaît immédiatement la patte. Ils trouvent leur origine dans la volonté des quatre artistes de dénoncer le conflit sanglant de 2020 entre l’Artsakh et l’Azerbaïdjan (soutenu par la Turquie). Les artistes, originaires de l’Arménie, ont su mettre de côté leurs profonds désaccords musicaux, pour mettre à profit leur notoriété afin de sensibiliser le monde sur la situation de conflit. Ils ont souhaité ainsi collecter des fonds pour l’Artsakh et les soldats arméniens blessés dans la guerre faisant rage dans le Haut-Karabagh.

"Protect The Land" est un titre groovy, massif, se rapprochant de "Mr. Jack" présent sur l’opus "Steal This Album". On y retrouve cette patte si caractéristique du chant en duo des deux têtes pensantes que sont Serj et Daron. La guitare de ce dernier ne semble pas avoir changé quand le clavier de Serj vient lui donner une teinte plus mélancolique dans son final. Très engagé, le titre (s’)ouvre sur une série de questions marquantes : "Would you stay and take a stand? Would you stay with gun in hand?" ("Est-ce que tu resterais et prendrais position ? Est-ce que tu resterais avec un pistolet en main ?").

Le titre "Genocidal Humanoidz" est quant à lui à rapprocher davantage au duo "Mesmerize"/Hypnotize", en lorgnant sur un "Holy Mountains" par exemple, avec ce petit côté Punk accrocheur. Le ton a clairement changé par rapport à la face A donc, et nous avons ici le droit à un rythme bien plus soutenu et rageur. On ne pourra que noter la vitesse d’exécution à la batterie du break de John qui frôle le Black Metal !

Une fois les deux titres considérés, écoutés et analysés, il faut objectivement reconnaître qu’ils n’apportent pas véritablement grand-chose à l’Histoire du groupe. Certes, ils sont immédiatement identifiables, reconnaissables car 100 % SOAD récent, sans pour autant se révéler marquants. Il manque ici clairement un ingrédient qui définissait SYSTEM OF A DOWN, à savoir l’audace. Ces deux titres sont trop linéaires face à l’immense génie de ce groupe, car à mes oreilles SOAD fait partie de ces très rares combos qui ont révolutionné la musique Metal moderne.

Fort de ce travail agréable, les artistes ont pu lever pas moins de 600 000 $, reversés à l’Armenia Fund, parvenant – on peut le comprendre – à atteindre l’un de leurs buts.
De notre côté, on surfe entre la nostalgie, le sentiment de gâchis de ne pas les avoir actifs depuis quinze ans et le simple plaisir de les entendre nous gratifier de compositions plaisantes et engagées. SYSTEM OF A DOWN, encore et toujours en somme...

Note réelle : 3/5, alternant le 2,5 et le 3,5/5 en fonction des écoutes.

Top : rien que l’idée de les entendre à nouveau, pour comprendre que nous n’aurons sans doute pas ce sixième L.P...