Début des années 1990 sur la planète Metal : les pionniers du Heavy peinent à trouver leur second souffle tandis que les guerriers du Thrash ralentissent le tempo, lorgnant sans vergogne vers le terrain laissé libre par leurs icônes en panne d’inspiration. Le renouveau du Metal poilu qui dérange dégage peu à peu de nouvelles têtes de gondoles en devenir, parmi lesquelles FEAR FACTORY, MACHINE HEAD, PRONG ou encore bien évidemment les Texans de PANTERA, précurseurs en matière de brutalité moderne. Le contexte est important quand on aborde ce second opus, le bien nommé "Vulgar Display Of Power".

Rarement un artwork n’a aussi bien résumé le contenu d’une galette. La rumeur circulait à l’époque qu’un fan avait accepté de se prendre trente pains dans la tronche pour réaliser la photo figurant sur la pochette, plutôt badass, non ? Évidemment, tout cela a été démenti depuis, mais en grand « romantique » devant l’éternel que je suis, j’aime à croire cette légende qui résume les intentions des frangins Abbott et de leur bande de soiffards.

"Vulgar Display Of Power" fait effectivement l’effet d’un parpaing dans la tronche, dès sa première piste, "Mouth For War", impressionnante de Groove et de puissance. La production trop sèche et souffreteuse de "Cowboys From Hell" fait place à un mur qui vous percute pleine face, que le groupe décide d’aller pleine balle ou de Sludger comme sur "A New Level", poisseuse comme rarement, qui préfigure déjà des envies que l’on retrouvera chez DOWN ou sur "The Great Southern Trendkill", quelques années plus tard.

L’attelage rythmique constitué par Rex et Vinnie est un bloc mouvant à sa guise sur lequel Dimebag brille de mille feux, sortant des sentiers battus sur les riffs comme les soli, brillantissimes mais toujours mélodiques. Et que dire d’Anselmo, qui trouve ici son style, délaissant ses cris moisis de l’opus précédent (sérieusement, on parle de sa voix sur "Shattered", quelque part entre Halford et Belladonna ?) ? Impérial dans son intention et dans la maîtrise de son agressivité, on l’imagine aisément arpenter la scène en écoutant "Walk", LE tube de PANTERA.

Le menu proposé est en outre incroyablement varié, enchaînement les pistes Thrash ("Fucking Hostile", qui donne envie d’entrer en conflit avec autrui, comme disait Jaz sur sa Sept-liste de 2019) avec des titres plus posés comme "This Love", qui reprend, comme "Hollow" un peu plus loin dans la tracklist, le son chaud et l’"Echo" de "Cemetery Gates". Alors peut-être que certaines chansons sont moins accrocheuses que celles cités ci-dessus, mais elles possèdent toutes leur intérêt, surtout remise dans leur contexte et contemplées depuis le trône que PANTERA s’est ici offert. Je parle ici des "Rise", des "Live In A Hole" ou des "No Good (Attack The Radical)", injustement délaissées au moment de trier les lentilles.

Un très grand disque, qu’il est bon de redécouvrir alors que la rentrée approche. Si votre boss vous emmerde jour 1, just be "Fucking Hostile" !