"Live Bootleg" d’AEROSMITH se distingue des autres Lives que publiera le groupe par la suite. À l’époque de sa sortie, la mode était aux doubles albums parfois très propres sur eux. Double, dans son format d’origine, il l’était (même si aujourd’hui il tient sur un CD). En revanche, côté packaging et son, cet enregistrement public est aux antipodes de ce qui était attendu, d’où une réception critique très négative aux USA à sa sortie. Ce Live, c’est un majeur dressé au commerce des bootlegs, qui étaient souvent de piètre qualité, mais il va jouer sur les codes du genre : pochette faite à l’arrache, liner notes qui semblent tapées à la machine à écrire, son brut et performances parfois bancales de la part du groupe.

En revanche, et c’est là son point fort, "Live Bootleg" dévoile un groupe qui refuse d’être consensuel sur scène et qui joue dur, en se faisant plaisir au gré de quelques petites improvisations çà et là. C’est Rock’N’Roll en diable, certaines versions sont absolument dantesques, elles débordent d’énergie et de groupe. Et ce n’est pas propre. Ça aussi c’est appréciable quelque part, il se dégage une authenticité du truc, de ce road-trip aux USA qui s’étend de 1973 à 1978, avec des raccords fait entre les pistes qui semblent naturels (joli travail sur "Mother Popcorn", capté en 1973, qui se voit couplé avec… "Draw The Line", joué en 1978).

Là, saluons le travail de Jack Douglas qui a su conserver l’impact des morceaux tout en conservant un canevas fluide sans coupure intempestive. En revanche, les pistes captées en 1973 sonnent de façon légèrement différentes, Tyler se montre notamment moins explosif (rappelons aussi que Perry et lui étaient depuis surnommés les Toxic Twins et que parfois sur scène ça partait en sucette, un peu comme Tyler que l’on sent en roue libre sur "Back In The Saddle", ouverture en définitive mi-figue mi-raisin, qui va rapidement être balayée par le reste. Et bon sang, le reste !

Par quoi commencer ? Qu’il manque "Kings And Queens" (oui bon, c’est un de mes morceaux préférés) ? Que la cover du "Come Together" des BEATLES est trippante avec ces couplets super Heavy qui se relâchent quand arrivent les refrains ? Que "Walk This Way" est tellement bordélique qu’elle en devient jouissive ? Que "Sick As A Dog" impose le respect ici ? Que "Dream On" fout toujours autant les poils ? Par exemple. Mais le plus simple reste de dire que "Live Bootleg" est un déluge d’électricité de la part d’un groupe qui n’a pas encore appris à être policé, une véritable formation qui vivait pour la scène et qui n’hésitait pas à lâcher les chevaux.

"Live Bootleg" fait partie de ces grands Lives des années 70, mais pas forcément pour les mêmes raisons que certains qui ont marqué les esprits à cette époque. Il clôt un chapitre de la carrière d’AEROSMITH, certes, mais juste parce qu’il se situe après les cinq premiers opus du groupe, qui sont considérés comme un âge d’or quand pour de nombreux combos de l’époque (ou ultérieurs d’ailleurs), cela signifiait un changement de direction artistique ; "Night In The Ruts" se situait dans la continuité de ce que proposait jusqu’alors les Dupont Volants, mais il initiait une période de vaches maigres avec quelques mouvements de personnel.

Il s’agit également du Live le plus recommandable pour ceux qui veulent savoir ce que valait AEROMSITH sur scène à cette époque. Pour ceux qui préfèrent le AEROSMITH tubesque de la fin des années 80, début 90, je les renverrai gentiment vers le "A Little South Of Sanity", qui les comblera certainement plus. Pour ma part – et vous l’avez très certainement deviné – c’est ce "Live Bootleg" qui a mes faveurs.

Note réelle : 4,5/5.