Forcément tous bons amateurs de Metal extrême connaissent et, peut-être dans une large majorité, apprécient ce disque fondateur du mouvement Black/Death Mélodique et d’une certaine idée du son à la suédoise. "The Somberlain" est un monument qui dès sa sortie hantera et influencera une horde de jeunes loups féroces et affamés. N’ayons pas peur de citer parmi ceux-là les SACRAMENTUM, VINTERLAND, DAWN, UNANIMATED, ou autres THULCANDRA.

Influencé par le Heavy Metal, "The Somberlain" se distingue des autres cadors de l’époque bien plus Raw dans leur approche (DARKTHRONE, MAYHEM, BURZUM, IMMORTAL), par des structures complexes et des riffs mélodiques et tranchants, alternant entre virtuosité technique, passages agressifs et envolées atmosphériques. Nous y reviendrons.

L’album enregistré sous la houlette du brillantissime Dan Swanö qui à l’époque officie notamment au sein de EDGE OF SANITY et PAN.THY.MONIUM (entre autres), est un exemple concret d’une recherche aboutie. Du reste le cher Dan composera et enregistrera quelques parties de claviers, apposant ainsi quelques notes de son cru à la postérité (les quelques notes bien psyché au sein de "Mistress Of The Bleeding Sorrow" – et qui rappelleront plus tard son "Moontower". Avec ce son glacial, suffisamment puissant et cette ambiance majestueuse, "The Somberlain" s’écoute sans aucune gêne et comble nos oreilles de par sa production claire et richement détaillée. Du jamais vu au sein de la scène extrême de l’époque, surtout à un tel niveau.

L’album est dédié à Euronymous qui a passé l’arme à gauche quelques mois auparavant dans les conditions que l’on sait, mais aussi au père de Jon Nödtveidt, décédé lui aussi quelques temps auparavant et qui portait le même prénom. Lorsque l’on sait l’inclinaison mystique et les penchants jusqu’au-boutistes de Jon, on imagine sans trop de mal qu'il y a mis ses tripes et que "The Somberlain" a été son exutoire.

Du côté des compositions, une grande partie des titres nous bluffe de par leur côté aujourd'hui encore iconique tant les mélodies trouvées sont entêtantes et impossibles à calquer. Influencé par IRON MAIDEN, le jeu de guitare typique en twin-leads de Jon Nödtveidt et de John Zwetsloot nous transporte sans arrêt entre beauté démone et agressivité angélique. D’ailleurs du reste la forte personnalité de Jon a laissé beaucoup trop dans l’ombre la participation très active au travail de composition de Zwetsloot sur cet album, et qui est toujours encore peu remercié par les hordes de fans de DISSECTION. Bien trop oublié ce Zwetsloot, moi je vous le dis ! Écoutez ce qu’il a produit comme composition au sein de ce superbe et unique EP de CARDINAL SIN, "Spiteful Intents", sorti en 1996 et on en recause.

Néanmoins, rendons à César ou plutôt à Óðinn ce qui lui appartient. DISSECTION déclenche un séisme à la sortie de "The Somberlain", et l’on comprend aisément l’intensité de la tectonique des plaques qui s’est jouée, tant ce premier album visionnaire forme les premiers fondements d’un style qui n’en finira pas de s’étendre, de s’étirer – même encore aujourd’hui – en passionnant toujours autant avec des titres majeurs : "Black Horizons", "The Somberlain", "Heaven’s Damnation", "Frozen" qui du reste, fait partie des deux compositions avec le titre éponyme déjà partiellement composées par Nödtveidt du temps de son groupe SIREN’S YELL…

Il y aurait tant à dire et pourtant tout a déjà été écrit à propos de "The Somberlain" sur ce site ou sur les milliers de pages de chroniques de fans suprêmes et de quelques détracteurs. Mais l’univers de la nuit de DISSECTION n’est pas fini et c’est une nouvelle page remarquable – sous le savez si bien - que les Suédois écriront avec le suprême "Storms Of The Light’s Bane".